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Wiener Blut

Paris
Salle Pleyel
09/23/2011 -  et 21 septembre 2011 (Laon)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour hautbois, K. 285d [314]
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur

François Leleux (hautbois)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


F. Leleux (© Uwe Arens/Sony Classical)


Une semaine après avoir effectué sa rentrée sous la direction de Mikko Franck, voici le premier concert de la saison du Philhar’ sous celle de Myung-Whun Chung, son directeur musical. Au-delà des habituels Debussy, Ravel ou Stravinsky, le programme des concerts à venir s’engage dans des sentiers parfaitement balisés puisque le chef coréen dirigera également Mendelssohn, Beethoven, Schumann ou Bartók. Regrettons donc encore une fois un certain manque d’audace qui, au fil du temps, confine à la routine et même à la facilité: pourquoi ne pas avoir par exemple proposé les symphonies de jeunesse de Dvorák, alors qu’un cycle prometteur avait débuté il y a quelques années à la Salle Pleyel, ou les premières symphonies d’Anton Bruckner?


Car c’est avec une œuvre de la maturité de ce compositeur autrichien que Chung inaugurait cette nouvelle année musicale en dirigeant la Sixième (1879), qui fait figure de dernière des symphonies médianes de Bruckner (1824-1896), puisque précédant ses trois symphonies les plus grandioses. Une des grandes difficultés de cette œuvre réside non tant dans sa technique que dans son climat particulier, qui ne sait trop opter entre l’optimisme de la Deuxième par exemple ou la gravité de la monumentale Cinquième. Force est de constater que Myung-Whun Chung n’aura pas choisi la facilité en essayant de conférer à chaque mouvement sa tonalité propre. Le premier, aux colorations presque orientales, fut grand, indéniablement: un orchestre puissant (dix contrebasses, douze violoncelles, douze cuivres!) et affûté offrit au public de la Salle Pleyel une magnifique démonstration même si l’on peut regretter un rubato excessif au début de ce «Majestoso», perdant ainsi de vue la pulsation implacable qui doit guider l’orchestre, et une fin où les dernières notes furent ralenties à l’extrême par le chef. La musique de Bruckner peut être suffisamment pompeuse et grandiloquente sans qu’il soit besoin d’en rajouter! Le deuxième mouvement «Adagio. Sehr feierlich» est certainement le plus complexe de la symphonie. Bien que bénéficiant de cordes absolument somptueuses (quels tutti chez les violoncelles et les violons, guidés par l’archet impérial de Svetlin Roussev) et de solistes tout aussi convaincants (Hélène Devilleneuve au hautbois, Adrien Perruchon aux timbales, ou le pupitre de cors dans son ensemble), Chung n’évite pas certaines baisses de tension dans ces longues expositions sonores qu’il ne tient pas toujours jusqu’à leur ultime respiration. Le Scherzo fut bien mené avec, là aussi, une battue énergique et extrêmement directive de Chung (peut-être aurait-il gagné à bénéficier d’un peu plus de légèreté et de clin d’œil) avant que le Finale ne soit abordé dans un seul élan. Les classiques oppositions brucknériennes (pizzicati des violoncelles et des altos contre legato des violons, forte des cuivres contre finesse des bois, passage de tension extrême et de douce quiétude où seules les cordes, éventuellement renforcées par un trait de flûte ou de clarinette, interviennent) font encore merveille. En dépit de cuivres souvent trop forts, le mouvement fut très bien interprété et put conclure la symphonie dans une note résolument optimiste. Saluons au passage le départ à la retraite du trompettiste Jean-Luc Ramecourt qui, pour son dernier concert, fut très justement salué par le chef, l’orchestre et le public et qui connut, avec Bruckner, une belle occasion de briller.


Brillante, la première partie le fut également avec le trop rare, et pourtant si connu, concerto pour hautbois de Mozart (1756-1791). Composé à l’attention de Giuseppe Ferlendis (1755-1810), musicien oublié dont on ne connaît que quelques pièces, ce concerto (1777) est confié à la flûte, transposé un ton au-dessus, et c’est d’ailleurs sous cette forme qu’il a connu sa véritable postérité. De forme classique (trois mouvement, deux rapides, un lent), il fut interprété avec maestria par François Leleux, hautboïste solo de l’Orchestre de chambre d’Europe, à l’aise aussi bien dans la musique contemporaine de Nicolas Bacri que dans les symphonies de Beethoven sous la direction de Bernard Haitink. L’Orchestre philharmonique de Radio France, dont les effectifs étaient trois fois moins importants que dans la symphonie de Bruckner (seulement vingt-huit cordes), fut dirigé avec un sérieux excessif de la part de Myung-Whun Chung mais c’était sans compter le soliste. Car François Leleux fut à lui seul un spectacle aussi bien pour l’oreille (quels pianissimi, quelle délicatesse!) que pour les yeux, occupant sur scène un espace conséquent, se tortillant et adoptant parfois des poses un rien trop affectées... Peu importe d’ailleurs puisque le résultat fut enthousiasmant même s’il peut paraître en décalage avec le renouveau interprétatif en cours depuis quelques décennies maintenant. Le bis fut de la même veine: une adaptation haute en couleur pour hautbois et cordes de l’air «Der Hölle Rache» de la Reine de la nuit au second acte de La Flûte enchantée.


Regrettons peut-être que la partition n’ait pas été confiée à Hélène Devilleneuve qui, compte tenu de ses performances au sein de l’orchestre, aurait parfaitement été à sa place en tant que soliste comme le fut en mai 2006 sa camarade Magali Mosnier, dans un programme associant, sous la direction Chung, le Première Concerto pour flûte de Mozart et... la Sixième Symphonie de Bruckner.


Le site de François Leleux



Sébastien Gauthier

 

 

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