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Une force qui va

Bucharest
Grande Salle du Palais
09/11/2011 -  
Richard Wagner : Tannhäuser: Ouverture
Alexandre Scriabine : Prométhée op. 60
Richard Strauss : Ein Heldenleben, op. 40

Alexander Toradze (piano)
Orchestre du Théâtre Mariinsky, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Diana Grigore)


Premier au festival Enesco des deux concerts de l’infatigable Valery Gergiev : deux jours avant, il dirigeait Sadko à Rotterdam, la veille Les Troyens ! Et toujours la même énergie… fort bien canalisée au demeurant. Il n’empêche : quelque chose manque à ce concert de Bucarest. Pas tant dans l’Ouverture de Tannhäuser : le chef ossète, s’il voit grand, reste souple, à la tête d’un orchestre qu’il a su plier au répertoire wagnérien. Les plans sonores s’équilibrent, les cuivres n’écrasent pas les cordes – on regrette seulement une direction un peu superficielle, qu’on voudrait à la fois plus fervente et plus sensuelle.


Le Prométhée de Scriabine, en revanche, trahit les lacunes d’une direction trop instinctive et pas assez pensée : la musique donne l’impression de tourner à vide, malgré la puissance et la générosité du chef, qui noie le piano d’Alexander Toradze dans la masse orchestrale – il faut se méfier de ces faux concertos. En un mot, Gergiev tombe dans le piège tendu par une musique se développant de façon plus circulaire que linéaire : comme c’est un chef de l’instant, attaché aux couleurs plus qu’à la structure, la partition paraît décousue, avec de très beaux moments, notamment dans l’orgie sonore de la fin.


Cela produit les mêmes effets dans Une vie de héros, pourtant si différent de Prométhée. Au-delà de son programme, le poème symphonique de Strauss constitue une symphonie rigoureusement structurée, où le compositeur assume toute la tradition germanique. Gergiev dirige comme une force qui va – c’est son côté cosaque - mais sans paraître se fixer un but ou un itinéraire. La maîtrise de la masse sonore reste impressionnante, jusque dans une Bataille très dominée, il restitue parfaitement les combinaisons de timbres – non sans humour pour les ennemis du héros. Cela dit, certains passages semblent traîner en longueur, faute d’une direction plus unitaire et plus architecturée.


Donné en bis, le Prélude du troisième acte de Lohengrin réveille les mauvais démons du chef : totalement isolé de son contexte, il vire à l’étude de virtuosité orchestrale, démonstration bruyante et boursouflée.



Didier van Moere

 

 

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