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Génération 1979

Paris
Salle Pleyel
09/16/2011 -  
Edgar Meyer : Concerto pour violon
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100

Hilary Hahn (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)




Dans la rentrée successive des principales formations symphoniques de la capitale, le Philharmonique de Radio France ferme le ban, deux jours après l’Orchestre de Paris et au lendemain du National. Des trois, il est le seul à ne pas se présenter avec son directeur musical, Myung-Whun Chung, dont le contrat arrive à échéance en 2012, mais avec Mikko Franck, qui, malgré son jeune âge (trente-deux ans), fait presque figure d’habitué, nonobstant le fait que des soucis de santé récurrents (qui le contraignent à diriger assis) l’ont trop souvent conduit à annuler ses précédentes visites. Elles sont attendues avec d’autant plus d’impatience que son entente avec les musiciens est remarquable, ce dont témoigne notamment un disque consacré à Debussy, sorti en 2009 chez RCA (voir ici).


Née quelques mois après le chef finlandais, Hilary Hahn n’a pas encore trente-deux ans, mais sa notoriété aurait dû suffire à remplir la salle Pleyel, surtout qu’il s’agit ici de sa seule apparition parisienne de la saison. Le second balcon n’en est pas moins fermé: il est vrai que la violoniste américaine, qui pourrait se contenter de se produire à guichets fermés en donnant toujours les cinq ou six mêmes concertos, continue de se signaler par des choix originaux. Après Schönberg en janvier 2009 et Menotti en janvier dernier, elle défend cette fois-ci, dans une longue robe d’un rouge éclatant, le Concerto (1999) qu’Edgar Meyer (né en 1960) lui a dédié. Par ailleurs contrebassiste, également reconnu dans les milieux du jazz et la musique country, le compositeur déploie un talent polymorphe. Mais au-delà de l’amitié et de la complicité la liant à l’interprète, qu’elle connaît ainsi depuis quinze ans, il est difficile de ne pas se demander pourquoi elle s’est entichée de cette œuvre qu’elle joue par cœur et qu’elle a même enregistrée dans la foulée de la création (Sony). Sorte de «troisième pression» de Copland, pour paraphraser Boulez, ces vingt-cinq minutes d’un seul tenant semblent en effet bien tièdes et sucrées, ne mettant même pas en valeur la soliste, dont le jeu est inhabituellement contraint et étriqué. La densité de pensée ne caractérise pas cette partition, qui flirte maintes fois dangereusement avec l’indigence pure et simple, avec un orchestre allégé (cuivres réduits à quatre cors) se bornant à faire une insipide figuration. Hormis cette erreur de casting – mais que diable allait-elle faire dans cette galère? – Hilary Hahn confirme une relative méforme dans les deux extraits (Gigue puis Loure) de la Troisième Partita de Bach qu’elle offre en bis.


La seconde partie du concert tient en revanche toutes ses promesses: après Chostakovitch par Riccardo Muti et Tchaïkovski par Manfred Honeck, le cycle des grandes Cinquièmes russes en ce début de saison se poursuit avec celle de Prokofiev (1944). Sous la baguette de Mikko Franck, cette fresque épique aura rarement paru aussi claire, lisible et transparente: aucune surenchère facile de monumentalisme, un son qui ne sature jamais. Prenant son temps pour mieux faire ressortir toutes les voix, toujours soucieux de ménager des progressions, il ne s’engage pas d’emblée à fond les manettes, mais conduit une progression magistrale dans le premier mouvement, jusqu’à un embrasement final qui n’en ressort que de manière plus saisissante.


Frappant une nouvelle fois par sa souplesse, la respiration naturelle qu’il confère à la musique, l’évidence avec laquelle le propos semble se dérouler, sans oublier le souffle, la poésie et le lyrisme, Mikko Franck suscite de nouveau l’unanimité parmi les musiciens, qui l’ovationnent de façon répétée. Il reste donc à espérer qu’il pourra honorer son (premier) rendez-vous avec l’Orchestre de Paris, le 6 juin prochain, dans un programme qui paraît idéalement adapté à ses qualités: Printemps de Debussy, le Premier Concerto de Prokofiev avec Arabella Steinbacher et la Dixième Symphonie de Chostakovitch.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Radio France
Le site d’Edgar Meyer
Le site de Hilary Hahn



Simon Corley

 

 

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