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En demi-Indes

Paris
Opéra Bastille
09/15/2000 -  16, 18,19,21,22,23,24,26,27 septembre 2000
Jean-Philippe Rameau : Les Indes Galantes
Annick Massis (Hébé / Fatime), Anna Maria Panzarella (Emilie / Zaïre), Patricia Petibon (Phani / Zima), Gaëlle Méchaly (Amour), Paul Agnew 5Valère / Tacmas), Iain Paton (Carlos / Damon), Nathan Berg (Huascar /Ali), Nicolas Cavallier (Osman / Alvar), Christophe Fel (Bellone), Nicolas Rivenq (Adario)
Andrei Serban (mise en scène), Blanca Li (chorégraphie), Marina Draghici (décors et costumes), Robert Wierzel (lumières)
Orchestre et Choeurs Les Arts Florissants, William Chrstie (direction)

Accueilli de manière très mitigée lors de sa création, le spectacle d’Andrei Serban ne gagne guère à cette reprise : les décors et costumes de Marina Draghici, servis par des éclairages remarquables, demeurent un ravissement pour l’œil, mais la direction d’acteurs, ayant perdu tout rythme, peine à animer ce joli livre d’images. L’échec le plus patent reste néanmoins celui de Blanca Li, inhibée sans doute par des contraintes inhabituelles, et dont la chorégraphie se réduit à des gesticulations aussi gracieuses que privées de sens.
Plus homogène (surtout en ce qui concerne la clarté de l’élocution), le plateau semble cependant légèrement moins brillant. On retrouve avec plaisir Rivenq, Mechaly, Cavallier, et surtout Paul Agnew, qui a considérablement gagné en aisance et en éclat. Malheureusement, Nathan Berg, passable Ali, s’est emparé de Huascar, qu’il maugrée d’une voix grise et dépourvue de grave, et dans le français le plus exotique de la soirée. La présence et la noblesse de Laurent Naourit font ici cruellement défaut. Décidément malchanceux, ces Incas voient également succéder à l’idéale Malin Hartelius une Patricia Petibon dont Phani n’est pas l’emploi naturel : qualité du phrasé et fermeté du timbre, mais pas de sensualité dans un médium trop pauvre, et peu d’émotion. En Zima, la jeune française s’épanouit plus franchement, mais elle doit lutter contre l’envahissant souvenir d’une Natalie Dessay dont un seul clin d’œil suffisait à faire crouler la salle de rire. Pour tenir les promesses d’un beau début de carrière et gagner en impact scénique, Petibon devra absolument apprendre à ne pas disperser ainsi ses gestes, et à mieux concentrer l’expression du visage, parfois outrancière. Sa très bonne diction paraîtrait plus excellente encore si elle insistait moins sur des « r » qui, roucoulés très en arrière de la gorge, alourdissent la phrase musicale, dans Phani en particulier. Heureusement, parmi les nouvelles venues, Anna Maria Panzarella remplace avantageusement une Heidi Grant-Murphy égarée dans ces deux rôles. Le vrai bijou cependant se nomme Annick Massis, égalant presque Dessay dans « Papillon inconstant » et la faisant vocalement oublier dans tout le reste, infiniment plus naturelle de tessiture et fière de style. Les lignes aériennes de son Hébé, portées d’un souffle aussi long que ductile et irrisées d’un timbre précieux, émerveillent par la précision, la variété et la poésie des gradations dynamiques qui enrichissent la construction rythmique, le goût d’ornements parfaitement intégrés et le modelé des mots.
A cette leçon de musique s’ajoute celle des Arts Florissants, d’une discipline bien plus assurée qu’au moment de la création du spectacle. Christie n’a pas particulièrement évolué en dix ans dans sa vision globale de l’œuvre, et l’on peut toujours en déplorer une certaine mollesse dramatique, mais ce Rameau subtil, tendre et élégant est à coup sûr celui qui lui sied le mieux. D’autant que les contrastes paraissent ce soir mieux marqués, la pulsation rythmique plus lisible et l’articulation d’une plus grande vitalité que lors des représentations de l’an passé - le chef sauve ainsi Les Incas, qui ne passaient pas jusqu’ici pour son moment de gloire. Il faut associer à ce succès des pupitres de flûte (Saïtta et Zebley) et de trompette naturelle (Lindeke et Rapin) parvenant à une perfection formelle rarement atteinte par des instruments ancien d’harmonie. Et si le numéro de Marie-Ange Petit dans le final des Sauvages vaut toujours à lui seul le déplacement, on gardera une réserve de bravos pour les sensationnels continuistes, menés par le clavecin d’Emmanuelle Haïm, à l’harmonie toujours profonde et aérée, et aux accents d’une théâtralité subtile.

Des photos sur ConcertoNet.TV


Vincent Agrech

 

 

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