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Une Tosca allright

London
Royal Opera House
09/19/2000 -  et les 21, 26, 30 Septembre, 4, 6, 9, 12, 18 Octobre
Giacomo Puccini : Tosca
Catherine Malfitano (Tosca), Anthony Michaels-Moore (Scarpia), Antonio Nagore (Cavaradossi), Roderick Earle (Angelotti), Eric Garrett (Sacristain), Robin Legatte (Spoletta), Robert Poulton (Sciarrone)
Royal Opera Chorus, Orchestra of the Royal Opera House
Carlo Rizzi (chef d’orchestre), John Cox (mise en scène)

Lorsque l’on ne frissonne pas à la vue et l’écoute de Tosca, il manque quelque chose au spectacle, fût-il par ailleurs de très bonne tenue. Comme souvent à Covent Garden, cette production n’a rien de spécial : terre à terre, entretenant un sentiment d’oppression avec de jolis décors, elle ne déçoit ni n’enthousiasme, bien qu’on lui sache gré de nous éviter le pire (à savoir une « relecture » ratée). Elle laisse tout loisir de penser à autre chose, en l’occurrence au chant, à la musique et aux aspects dramatiques de l’opéra.


Côté chant, le Scarpia d’Anthony Michaels-Moore domine aisément ses partenaires : le bariton britannique possède un beau timbre et campe le détestable Scarpia avec une classe certaine. Il sait ce qu’il veut, n’a pas froid aux yeux, mais, dans sa cruauté, garde une certaine noblesse. On ne peut pas en dire autant de la Tosca de Catherine Malfitano, dépourvue de toute dignité ou de grandeur, et dont la stupidité semble être la seule qualité crédible. Habituée du rôle, la voix de Malfitano semble faite de déliés tout autant que de pleins. Si, dans l’ensemble, avec son timbre assez neutre (voire froid), pas très séduisant, elle s’acquitte raisonnablement de sa tâche, son grand air du deuxième acte ne convainc pas, avec des vibratos à la limite du vulgaire (et une fin complètement ratée). Mais elle manque essentiellement d’une présence dramatique qui donnerait de la chair à un rôle qui semble tailler trop grand pour elle, ou, plutôt, à qui elle ne parvient pas à donner de la grandeur. Par manque de vigilance, ce ne fut hélas pas le bon soir pour écouter Roberto Alagna dans sa prise du rôle de Cavaradossi. Tous les grands rôles de la pièce sont en effet tenus en alternance entre deux voire trois chanteurs, et c’était le jour d’Antonio Nagore. Souffrant d’une inflammation à la gorge, le ténor américain se fit excuser auprès du public en lui demandant quelque indulgence : quelques aigus furent un peu difficiles, mais il n’en fallut pas tant. S’il sut se tirer d’affaire vocalement, sans émerveiller cependant, son jeu d’acteur manquait lui aussi singulièrement de présence.


Dirigée par Carlo Rizzi, dans un tempo relativement lent, la partition de Puccini fut jouée avec efficacité par l’orchestre du Royal Opera House. On aurait aimé une sonorité de l’orchestre un peu plus homogène, un début de troisième acte un peu plus inspiré, mais l’orchestre du Royal Opera House sonne incontestablement bien. N’en demandons pas trop, surtout à un orchestre qui sut soutenir sans faiblir la tension des passages dramatiques.


Au final, cette Tosca n’a rien pour plaire ni déplaire spécialement : agréable, « pas mal », elle est « allright », et l'on ne peut dire qu’elle trahit la musique, l’histoire ou l’opéra de Puccini. Ce soir là, le drame qui s’y joue n’était simplement pas habité...



Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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