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Saint-Céré

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Au milieu du gué

Saint-Céré
Cavagnac (Château)
08/09/2011 -  et 26 juillet (Labastide-Marnhac), 14 août (Saint-Céré) 2011
Francis Poulenc: Banalités: «Chanson d’Orkenise», «Hôtel» et «Sanglots», FP 107 n° 1, n° 2 et n° 5 – Calligrammes: «L’Espionne», «Mutation», «Il pleut» et «Voyage», FP 140 n° 1, n° 2, n° 4 et n° 7 – Le Bestiaire, FP 15a – Deux Mélodies: «La Souris», FP 162 n° 1 – Quatre Poèmes de Guillaume Apollinaire: «L’Anguille» et «Avant le cinéma», FP 58 n°1 et n° 3 – Deux Poèmes de Guillaume Apollinaire: «Allons plus vite», FP 94 n° 1 – Deux Mélodies sur des poèmes de Guillaume Apollinaire, FP 131 – Bleuet, FP 102 – Deux Poèmes de Guillaume Apollinaire: «Montparnasse», FP 127 n° 1 – Rosemonde, FP 158
Eric Vignau (ténor), Eric Perez (comédien), Elisabeth Brusselle (piano)


E. Vignau (© Nelly Blaya)


Comme en 2010, deux des piliers du festival de Saint-Céré, Eric Perez et Eric Vignau – cette année, le premier met en scène Eugène Onéguine dans lequel le second chante de façon exquise le rôle de Monsieur Triquet – se retrouvent pour un spectacle, donné à trois reprises au cours de cette édition. Mais autant, l’été passé, «Jeu de massacre», autour des chansons des années 1940 et 1950, a marqué les mémoires, autant «Eric&ric», comme ils se faisaient alors appeler, restent cette fois-ci en deçà des espérances qu’on pouvait dès lors légitimement placer en eux.


Le beau temps enfin (re)venu, la deuxième des trois représentations se déroule en plein air, au château de Cavagnac, vers Turenne et Collonges-la-Rouge en partant de Saint-Céré, aux confins du Lot et de la Corrèze, dans une cour située au pied d’une haute tour datant du XIIe siècle: effrayant quelques pigeons, les artistes subissent à leur tour les assauts du clocher où retentissent successivement la demie puis, à deux reprises, les dix heures. Sur le papier, «Apollinaire/Poulenc» constitue une proposition aussi évidente que stimulante: tout au long de sa vie, le compositeur a amplement démontré son attachement à l’œuvre de celui qui inventa le terme «surréaliste» et dont il réalisa notamment une adaptation lyrique des Mamelles de Tirésias.


Le principe du spectacle est on ne peut plus simple: Vignau, accompagné par Elisabeth Brusselle, interprète quelques-unes – vingt-deux – des très nombreuses mélodies, en recueil ou isolées, que le premier a inspirées au second; il alterne avec Perez, qui chantait l’an passé (et chante cette année Aragon en solo), mais qui se contente ici de lire, tour à tour debout ou assis, des textes de l’amoureux ou du soldat, en vers ou en prose, tragiques ou burlesques, jusqu’au pied de nez final. Le Steinway sonne assez méchamment, ce répertoire est davantage associé à une tessiture plus grave et Vignau demeure avant tout un ténor de caractère, mais il maîtrise le style si spécifique de la mélodie française, sert avec son art et sa gouaille coutumiers les pages humoristiques et légères, et veille attentivement, en soignant la diction, à ce qu’aucune miette des poèmes ne soit perdue.


Mais l’idée de départ semble ne pas trouver son plein aboutissement. Pourquoi donc la mayonnaise ne prend-elle pas? Le spectacle est-il trop bref (moins d’une heure) pour que le spectateur ait le temps de bien entrer dans le sujet? Le concept aurait-il gagné à approfondir le thème – il y aurait presque encore matière à un autre récital exclusivement consacré à Poulenc servant la poésie d’Apollinaire – ou à s’intéresser à d’autres ayant mis en musique Apollinaire – compositeurs, notamment membres du groupe des Six (Durey, Honegger), ou bien auteurs et interprètes de la chanson française (Ferrat, Ferré, Reggiani)? Les textes lus ont-ils été sélectionnés avec un soin insuffisant ou bien Perez, qui, bien que devant son pupitre, bute parfois sur certains mots, manque-t-il de conviction?


Toujours est-il qu’on a l’impression de rester au milieu du gué, sur un sentiment de frustration.



Simon Corley

 

 

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