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Arsenal pianistique

La Roque
Parc du château de Florans
07/31/2011 -  
Toru Takemitsu: Three Film Scores
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 27, K. 595
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58

Anne Queffélec (piano)
Ensemble orchestral de Kanazawa, Michiyoshi Inoue (direction)




Du 22 juillet au 21 août, le festival de La Roque d’Anthéron reste fidèle à un vaste arsenal dont l’efficacité a été solidement prouvée au cours de trente précédentes éditions: concerts au parc du château et dans les sites alentours (abbaye de Silvacane, carrières de Rognes, Château-Bas de Mimet, étang des Aulnes... et même Grand Théâtre de Provence pour les irréductibles allergiques au plein air), comprenant neuf «nuits du piano» mais aussi plusieurs «ateliers-lectures» et «musées imaginaires» au musée Granet d’Aix-en-Provence. Incluant treize concerts gratuits donnés par les jeunes «ensembles en résidence» suivant des classes de maître, auxquels une soirée complète est en outre dédiée le 15 août, les manifestations s’étalent au-delà des Bouches-du-Rhône, jusqu’au Vaucluse (temple de Lourmarin, théâtre de Gordes).


Du baroque (Bertrand Cuiller, Pierre Hantaï, Skip Sempé, les ensembles Stradivaria et Café Zimmermann) au jazz (Yaron Herman, Brad Mehldau) et aux musiques actuelles (Francesco Tristano) en passant par l’orgue (Eric Lebrun), le clavier est décliné sur tous les tons. La programmation salue deux anniversaires: sans surprise, le bicentenaire Liszt, bien sûr, auquel une «nuit du piano» est consacrée, mais dont on n’entendra pas que les grands recueils pianistiques puisque sont également présentés le Via Crucis et la Faust-Symphonie (dans l’arrangement du compositeur pour deux pianos); les quatre-vingts ans de Dmitri Bashkirov, lui aussi honoré par une «nuit du piano». Si quelques formations de chambre apparaissent à l’affiche (trios Chausson, Dali et Wanderer, Quatuor Modigliani), le piano reste évidemment roi, l’écurie du directeur artistique, René Martin, par ailleurs créateur des la «Folle journée» nantaise, étant fort logiquement bien représentée: Angelich, Berezovsky, Braley, Désert, Diluka, Engerer, Korobeinikov, Laloum, Lugansky, Neuburger, Pennetier, Pérez, Prats, Queffélec, Sokolov, Strosser, Volodos, Zacharias, Zhu Xiao-Mei.


Récitals, duos (ou plus si affinités) et musique de chambre n’empêchent pas le genre concertant de conserver les faveurs de la programmation. Déjà venu en 2008, l’Ensemble orchestral de Kanazawa, ville de 500000 habitants au riche patrimoine historique, située sur la côte occidentale de l’île principale, associe (une majorité de) Japonais et (quelques) musiciens étrangers. Fondé en 1988 par Hiroyuki Iwaki, qui en a été le directeur musical jusqu’en 2006, l’orchestre a désormais à sa tête Michiyoshi Inoue (né en 1946). En 2008, ils avaient offert en bis le troisième et dernier volet des Trois Musiques de film (1994) de Takemitsu, brefs arrangements pour cordes seules de trois des très nombreuses partitions qu’il a écrites pour le cinéma, datant en l’espèce de 1959 à 1989 – un aspect de la production du compositeur japonais moins connu dans nos contrées. Il est donc heureux qu’ils en interprètent cette fois-ci l’intégralité: «Music of Training and Rest» (Jose Torres) d’esprit swinguant comme West Side Story, «Funeral Music» (Pluie noire) trahissant peut-être l’influence de Bartók, et «Valse» (Le Visage d’un autre) à faire pâlir Chostakovitch et Khatchaturian.


Sous la direction démonstrative d’Inoue, de plain-pied avec ses musiciens, les vingt-quatre cordes font illusion, mais il faut déchanter dans le Vingt-septième Concerto (1791) de Mozart: les vents ne sont pas à la fête et la cohésion n’est pas le fort de l’ensemble. Anne Queffélec est la soliste, contenant le plus souvent l’émotion, ne s’imposant pas, raisonnable au point de sembler rester en retrait, sinon pour adopter une très légère affectation. Passant après l’entracte d’un Steinway à un Bechstein à la mécanique un peu moins discrète, elle suscite une impression beaucoup plus favorable dans un Quatrième Concerto (1806) de Beethoven plus accidenté à tous égards, mais où elle fait preuve de davantage de personnalité. L’accompagnement est à l’avenant, avec des cordes rêches et tranchantes dans l’Andante con moto, et elle conclut sur Rondo vivace très décidé, parfois même fantasque. Avec l’un de ses bis de prédilection, l’arrangement par Wilhelm Kempff du Menuet de la Première Suite du Second Livre (1733) de Haendel, l’émotion monte encore d’un cran, tant elle conserve précieusement le secret qui lui permet d’y suspendre le temps pour unir noblesse et mélancolie.


Le site du festival international de piano de La Roque d’Anthéron
Le site de l’Ensemble orchestral de Kanazawa
Le site de Michiyoshi Inoue



Simon Corley

 

 

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