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Maîtres et élèves

Fontainebleau
Château (Chapelle de la Trinité)
07/10/2011 -  
Samuel Barber : Adagio, opus 11
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 12, K. 385p [414]
Richard Danielpour : Lacrimæ Beati (création française)
Aaron Copland : Appalachian Spring

Dmytro Sukhovienko (piano)
Orchestre des élèves du Conservatoire américain de Fontainebleau, Philippe Entremont (direction)




Durant l’été, le château de Fontainebleau abrite les activités de la Fondation des écoles d’art américaines: l’école des beaux-arts, fondée en 1923 et désormais dédiée à la seule architecture, d’une part, le conservatoire américain, fondé deux ans plus tôt, d’autre part. Professeur dès 1921, Nadia Boulanger en assura la direction de 1948 à sa mort, en 1979, accueillant des élèves aussi doués et différents que Carter, Copland, Glass, Quincy Jones et Piazzolla. Aujourd’hui, avec, entre autres, Philippe Bianconi, Gérard Caussé, Jean-Philippe Collard, Marc Coppey, Philippe Hurel, Christian Ivaldi et Gérard Poulet, le corps enseignant demeure de très haut niveau. Pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, l’institution, sous la responsabilité de Philippe Entremont depuis 1994, propose du 9 au 30 juillet des concerts, des auditions, des classes de maître et, en conclusion, une «performance finale» réalisée par les architectes et les musiciens des deux écoles réunies.


Constitués en petit orchestre (tout juste une vingtaine de cordes), les élèves offrent en ce dimanche après-midi un programme essentiellement américain, bien sûr, que la présidente de la fondation, Francoise Monod, dédie à la mémoire de son prédécesseur, Pierre Boyer, en fonctions de 1994 à 2010. Même si Entremont a élargi le recrutement à l’Europe et à l’Asie, on retrouve déjà chez ces jeunes musiciens l’habitude de leurs aînés d’outre-Atlantique: un bon quart d’heure au moins avant le début de la représentation, ils s’échauffent sur la scène, en l’occurrence dans le chœur de la chapelle de la Trinité (XVIe), qui abrita entre autres le mariage de Louis XV et Marie Leczinska ainsi que le baptême du futur Napoléon III.


Peut-on commencer un programme de musique américaine sans l’Adagio (1936/1937) de Barber? Venu nombreux sur les bancs (sans dossier) derrière quatre rangs d’invités sur leurs chaises, le public ne s’en plaint pas, car Entremont a bien compris qu’on était dans une chapelle, dont l’acoustique se révèle au demeurant étonnamment satisfaisante, et pas dans une cathédrale: pas de solennité pesante et déplacée, mais, à la tête de son effectif restreint (et presque exclusivement féminin), un tempo allant qui n’exclut pas une réelle ferveur.



D. Sukhovienko (© iori De Windt)



Même si sa biographie n’y fait pas directement allusion, se contentant de mentionner une classe de maître avec Entremont, il semble que Dmytro Sukhovienko (né en 1972) soit un ancien (1997) de Fontainebleau. Toujours de bon ton, le pianiste ukrainien livre une interprétation très équilibrée du Douzième Concerto (1782) de Mozart, dans sa version où l’accompagnement est réduit aux seules cordes: sans extravagances ni à-coups, il installe un jeu droit mais pas trop raide, qui ne confond pas clarté et sécheresse.


La seconde partie s’ouvre sur la création française de Lacrimæ Beati (2008) de Richard Danielpour (né en 1956), professeur durant la présente session. Joignant au mysticisme de Barber le souvenir de Mozart, cette pièce pour cordes seules s’enchaîne opportunément aux deux précédentes. Dans un appendice (en anglais) aux notes de programme remis aux spectateurs, le compositeur explique en effet les circonstances de la genèse de cette œuvre, qui remonte à un séjour à Vienne en octobre 2002, marqué par la conjonction de deux incidents: une chute non loin de la pierre tombale de Mozart alors que, s’étant trompé de cimetière, il cherchait la tombe de Beethoven; un trajet aérien Vienne-Berlin perturbé par des vents très forts, au cours duquel les huit premières mesures «Lacrimosa» du Requiem, dont on dit qu’elles furent les toutes dernières que Mozart parvint à écrire, «passaient en boucle dans sa tête». Elles sont, sans surprise, citées à la fin de ces «larmes du bienheureux» consacrées «autant au Requiem de Mozart et à sa lutte pour achever l’œuvre qu’à l’expérience que j’en ai eue dans les airs». Quant à savoir si la musique américaine a beaucoup «progressé» depuis Barber, ces dix minutes fournissent un début de réponse qui n’apparaît guère encourageant.


Le contraste est saisissant avec Appalachian Spring (1944) de Copland. Alerte, plus élégante que rustique, manquant parfois un peu de rebond rythmique, la direction d’Entremont rend justice à une partition fraîche comme au premier jour, surtout dans sa version «originale», pour flûte, clarinette (excellente Floriane Tardy), basson, piano et cordes.


Le site des écoles d’art américaines de Fontainebleau
Le site de Dmytro Sukhovienko



Simon Corley

 

 

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