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Aida sans pompe ni faste

Antwerp
Vlaamse Opera
07/01/2011 -  et 2, 3*, 5, 6, 7, 8, 9 juillet 2011
Giuseppe Verdi : Aida
Susanna Branchini*/Michele Capalbo (Aida), Misha Didyk*/Mikhail Agafonov (Radamès), Irina Makarova/Susanna Levonen* (Amneris), Riccardo Zanellato (Ramfis), Valery Alexeev*/Werner Van Mechelen (Amonasro), Danilo Rigosa (Il Re), Anneke Luyten (La Sacerdotessa), Gijs Van der Linden/Thorsten Bütthner* (Un messaggero)
Koor van de Vlaamse Opera, Yannis Pouspourikas (chef du chœur), Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Dmitri Jurowski (direction)
Peter Konwitschny (mise en scène), Jörg Kossdorff (décor), Michaela Mayer-Michnay (costumes), Helmut Weidinger (lumières)


I. Marakova, S. Branchini (© Annemie Augustijns)


L’Opéra de Flandre achève sa saison avec une nouvelle production d’Aïda (1871) de Verdi qui illustre de plein droit la thématique retenue depuis septembre : « Mijn Oriënt ». De l’Orient dans cet opéra ? Voilà qui va de soi mais Peter Konwitschny ne l’entend pas de cette oreille. Le metteur en scène évacue sans complexe toute référence à l’Egypte, sauf dans le troisième acte durant lequel une photographie de carte postale est projetée sur le décor, pièce sans fenêtre entourée de parois blanches (ployant légèrement sous le poids des chanteurs) et qui comporte, comme seul mobilier, un divan recouvert de tissu rouge. Sans surprise, les costumes s’inscrivent dans notre époque : habit de femme de chambre pour Aïda (aucune référence à l’actualité, bien sûr), tenue sobre et chemise à manches courtes pour Radamès, du moins au début, tenue militaire pour Amonasro, complet-veston des plus classiques pour le roi. Seuls ceux d’Amneris, de Ramfis et de la prêtresse (qui se laisse caresser la poitrine par Radamès et Ramfis) présentent quelque fantaisie.


En isolant les choristes en coulisse et ne prévoyant aucun protagoniste supplémentaire à côté des rôles chantés, Peter Konwitschny tourne le dos au décorum et à la pompe qui viennent généralement à l’esprit à l’évocation de cet opéra, ce qui permet du même coup, refrain désormais connu, de se concentrer sur la psychologie des personnages. Cette option pour le moins impertinente étonne et frustre dans le premier acte, agace dans le deuxième, sorte de réveillon de Nouvel An qui dégénère (avec cotillons), mais finit par convaincre dans les troisième et quatrième actes, en particulier grâce à une direction d’acteur qui témoigne d’un réel métier. La conclusion évite également les clichés puisqu’à défaut de crypte, Aida et Radamès se dirigent, en se tenant par la main, en direction d’un écran géant représentant la Frankrijklei d’Anvers durant la nuit. Ce n’est donc pas en assistant à cette production anti-zeffirellienne et trop recherchée pour émouvoir que le novice apprendra son Aïda. Toutefois, que celui-ci se rassure, il verra bien un éléphant, mais en peluche.


Chef-dirigent en fonction depuis cette année, Dmitri Jurowski (fils de Mikhaïl et frère de Vladimir) obtient de l’Orchestre symphonique du Vlaamse Opera une prestation de bonne facture : qualité instrumentale moyenne mais jeu collectif cohérent, tendu et épousant étroitement l’action. La distribution vocale est à l’avenant, sans maillon faible mais sans personnalité écrasante non plus. Amusant avec son minuscule chapeau, Danilo Rigosa (le Roi) aurait mérité de venir saluer ce dimanche après-midi, Valery Alexeev met sa belle voix de baryton et son expérience des planches au service d’Amonasro, Riccardo Zanaletto incarne Ramfis sans défaillir (puissance et homogénéité) et, pour en finir avec les messieurs, Misha Didyk réussit fort honorablement son premier Radamès (timbre séduisant, legato au point, quelques sanglots déplacés toutefois). Susanna Levonen ne s’économise pas dans le rôle d’Amneris, l’engagement compensant une ligne imparfaite, tandis que Susanna Branchini dispose du physique et du rôle adéquats pour l’esclave éthiopienne.


Un mot sur la prochaine saison qui aura pour thème « Een nieuwe wereld! » (littéralement « Un nouveau monde! »). La liste des opéras retenus prouve que dans une programmation, audace et tradition peuvent faire bon ménage : une très attendue Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Weill mise en scène par Calixto Bieito dont le travail ne laisse pas indifférent (à partir du 21 septembre), la rare Enchanteresse de Tchaïkovski (30 octobre), Le Voyage à Reims de Rossini dirigé par un chef qui connaît son sujet, Alberto Zedda (18 décembre), La Force du destin de Verdi (9 février), Rumor de Christian Jost (23 mars), Le Duc d’Albe de Donizetti complété par Giorgio Battistelli (6 mai) et Carmen de Bizet (10 juin). Plus d’informations sur le site de l’Opéra.



Sébastien Foucart

 

 

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