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Moments de l’histoire de la Russie

Paris
Salle Pleyel
06/29/2011 -  et 30* juin 2011
Alexandre Borodine : Le Prince Igor: Ouverture et «Danses polovtsiennes»
Jean Sibelius : Concerto pour violon, opus 47
Serge Prokofiev : Alexandre Nevski, opus 78

Viktoria Mullova (violon), Elena Zhidkova (mezzo)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Simon Phipps (chef de chœur), Orchestre de Paris, Gianandrea Noseda (direction)


G. Noseda (© Ramella & Giannese)


Venant de quitter le poste de chief conductor du BBC Philharmonic (Manchester) qu’il occupait depuis 2000, Gianandrea Noseda (né en 1964) demeure direttore musicale du Teatro Regio mais aussi director principal titular de l’Orchestre de Cadaqués et deviendra chief guest conductor du Philharmonique d’Israël à compter de la saison prochaine. S’il a déjà dirigé dans la capitale, tant son orchestre turinois, il y a tout juste un mois, que le National à trois reprises, ce sont maintenant ses débuts avec l’Orchestre de Paris: il lui revient même l’honneur de clore la saison, avec un superbe programme évoquant plusieurs moments de l’histoire de la Russie et auquel il ne manquait guère que 1812. Un répertoire dans lequel le chef milanais n’a pas tardé à acquérir une précieuse expérience et à se faire une enviable réputation, puisqu’il fut, à la demande de Valery Gergiev, le premier étranger à exercer les fonctions de premier chef invité au Mariinsky.


Et cette expérience n’est pas de trop pour déjouer les pièges du Prince Igor de Borodine, inspiré d’une épopée du XIIe siècle et créé, à l’issue d’une difficile reconstitution, trois ans après la mort du compositeur: le souci d’éviter la complaisance ne doit pas pour autant affadir et décolorer le propos. Mais Noseda maintient le bon équilibre, dès la problématique Ouverture, magistralement assassinée par Marcel Marnat dans ses délicieuses notes de programme: il fait chanter avec chaleur ce pot-pourri de mélodies généreuses cousu par la main de Glazounov. Dans les «Danses polovtsiennes», pour lesquelles Liadov et Rimski furent mis à contribution, on apprécie davantage une direction rutilante et sauvage, culminant dans une péroraison très véloce, que la prestation du Chœur de l’Orchestre de Paris, peut-être encore un peu froid, manquant en tout cas de souffle et de justesse.


Une fois de plus, Sibelius, que Marnat décrit un peu imprudemment comme «ni pianiste, ni violoniste» alors qu’il postula notamment pour un emploi de violon du rang au Philharmonique de Vienne, est représenté par son Concerto pour violon (1904/1905), à l’affiche pour la troisième fois en quatre ans à l’Orchestre de Paris. Ayant remporté le premier prix au concours Sibelius (1980) avant même celui qu’elle obtint au concours Tchaïkovski (1982), Viktoria Mullova a-t-elle suscité trop d’espérances? Car elle déçoit tant par la technique, bien incertaine, que par l’expression, bien moins fantasque qu’à son habitude. Ce n’est donc que par intermittences que sa prestation permet d’entrevoir son excellence coutumière, mais elle ne tardera pas à bénéficier d’une possibilité de s’illustrer à nouveau: alors qu’elle ne s’était pas produite avec l’Orchestre de Paris depuis près de seize ans, la violoniste russe reviendra dès janvier prochain avec le Concerto de Brahms sous la direction de Paavo Järvi dans la capitale puis à Aix-en-Provence. Son bis rappelle sa récente conversion au violon baroque, notamment dans Bach, qu’elle vient d’enregistrer (Onyx) et qu’elle avait donné en décembre dernier à l’auditorium du Louvre: de fait, on a peine à croire que c’est avec un instrument «moderne» qu’elle confère une allure aussi vive et un profil aussi émacié à l’incontournable Sarabande de la Deuxième Partita.


Après «la Finlande sous le joug des Russes», voici «la Russie sous le joug des Mongols», titre de la première partie d’Alexandre Nevski (1938/1939) de Prokofiev: autre moment de l’histoire russe, la lutte contre les chevaliers teutoniques au XIIIe siècle, en écho au face-à-face avec l’Allemagne nazie. Comme en première partie, non seulement la traduction du texte est reproduite dans le programme de salle mais le public bénéficie d’un surtitrage au-dessus de la scène. En revanche, le chœur, qui ovationne longuement celui qui l’a préparé, le Britannique Simon Phipps, se montre nettement plus à son avantage, à l’unisson d’un orchestre galvanisé par la baguette de Noseda, enthousiaste au point de manquer renverser un micro. Car dès la première attaque, l’auditeur est plongé in medias res: couleur, vigueur, tranchant, l’oratorio retrouve toute sa sève cinématographique, avec une «Bataille sur la glace» menée très rondement, mais le raffinement de son orchestration est également mis en valeur. Cerise sur le gâteau, comme on dirait dans une (mauvaise) école de journalisme, la mezzo Elena Zhidkova, malgré son petit gabarit, livre des graves somptueux et une interprétation poignante de «Sur le champ des morts».


Rendez-vous pour la saison 2011-2012, qui sera lancée par un programme romantique les 14 et 15 septembre à Pleyel avec Paavo Järvi et Jan Lisiecki, avant la désormais traditionnelle «Journée portes ouvertes» le 17 septembre.


Le site de Gianandrea Noseda
Le site de Viktoria Mullova



Simon Corley

 

 

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