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Aubaine Mons Horrues (Eglise Saint-Martin) 06/25/2011 - Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses François-Frédéric Guy (piano)
F.-F. Guy (© Guy Vivien)
La dix-neuvième édition de l’Eté musical d’Horrues, qui se tient du 18 au 26 juin (voir ici), contribue aux célébrations du deux centième anniversaire de la naissance de Liszt avec un récital de François-Frédéric Guy entièrement consacré aux Harmonies poétiques et religieuses (1834-1852) que ce dernier a récemment enregistrées (voir ici). Ecouter tout le recueil au concert est une aubaine puisque les pianistes en retiennent le plus souvent que quelques pièces, en l’occurrence « Pensées des morts », « Funérailles » et « Bénédiction de Dieu dans la solitude » qui, comme « Cantique d’amour », évoque par son titre les œuvres à venir de Messiaen. Inutile de préciser que l'Eglise Saint-Martin, au charme inépuisable, constitue un écrin de choix pour cette musique, l’architecture et l’acoustique compensant l’inconfort des chaises.
Comme la soirée fait l’objet d’une captation par Musiq3, Anne-Marie Potvin abrège sa traditionnelle présentation liminaire et laisse immédiatement la place à l’interprète qui ne tarde pas à plonger l’édifice dans le climat idoine. Concentré au possible, François-Frédéric Guy ne relâche pas son attention entre chaque pièce, ce qui évite au public d’applaudir de façon incongrue et intempestive. Il confère ainsi à ces Harmonies poétiques et religieuses une certaine cohérence, un exercice a priori malaisé à réaliser. Sa maîtrise du clavier – quel toucher ! – ne laisse planer aucun doute, de même que la diversité de sa palette dynamique. La puissance de son jeu dans les pages d’envergure ne s’accompagne d’aucune impression d’écrasement tandis que les passages aux confins du silence, livrés avec finesse, se perçoivent avec netteté. Autres vertus, un sens consommé de l’architecture, évident dans « Funérailles », un cantabile éminent, indiscutable dans le « Cantique d’amour », et un souci permanent du détail. La lenteur est une notion relative mais le pianiste ne donne pas l’impression de stagner ou de se complaire dans l’introspection ; son interprétation rayonne pourtant d’une réelle spiritualité. Probablement séduit par autant d’engagement, de profondeur et de style, le public accorde au pianiste une ovation debout, y compris à la fin de la première partie. Repris en guise de bis, l’« Hymne de l’enfant à son réveil », décidément exquis, achève en douceur ce récital qui a tenu toutes ses promesses.
Le site de François-Frédéric Guy
Sébastien Foucart
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