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Harmonies lisztiennes Lille Conservatoire 06/19/2011 - Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses: «Ave Maria» – «Bénédiction de Dieu dans la solitude» – «Hymne de l’enfant à son réveil» – «Funérailles» – «Cantique d’amour»
François-Frédéric Guy (piano)
La huitième édition de «Lille Piano(s) Festival» confirme l’ancrage dans le paysage musical de cette manifestation placée sous l’égide de l’Orchestre national de Lille et sous la direction artistique de Jean-Claude Casadesus. Les vedettes sont de l’aventure – Boris Berezovsky, Philippe Bianconi, Bertrand Chamayou, Brigitte Engerer, Hélène Grimaud, François-Frédéric Guy – mais ne monopolisent pas la cinquantaine de rendez-vous proposés en plusieurs lieux de la capitale nordiste. Car de conférences organisées avec le Palazzetto Bru Zane en classes de maître (Hüseyin Sermet et Tamara Stefnovich), de «concert famille» en film pour les enfants, de «mini-récitals» en ateliers-découvertes de l’apprentissage du piano, sans oublier le jazz qui est également de la fête, c’est toute une ville qui, grâce à une politique tarifaire contribuant à attirer 16 000 spectateurs du vendredi au dimanche, se met à l’heure du piano, et même tout un département avec les conservatoires de Lille et de Tourcoing ainsi que l’école de musique de Lambersart.
La densité de l’offre oblige maintes fois à procéder à des choix déchirants: ainsi en ce dimanche, il n’est pas possible d’entendre à la fois Guillaume Coppola à 14 heures gare Saint-Sauveur et François-Frédéric Guy à 14 heures 30 au Conservatoire. Et tous deux dans Liszt, car si la précédente édition avait fait l’impasse sur les deux bicentenaires que le monde entier célébrait en 2010, Chopin et Schumann, le festival, cette fois-ci, est consacré au héros de cette année 2011: il n’est guère de concert qui ne lui rende hommage, au travers tant de ses grands cycles que d’œuvres rarement programmées, comme certains de ses mélodrames avec Nicolas Stavy et François Castang.
Lors de la soirée d’ouverture au Nouveau Siècle, François-Frédéric Guy a déjà donné le Second Concerto, mais pour son récital dans le petit auditorium, une bonbonnière de quatre cents places, il a sélectionné cinq des dix pièces formant les Harmonies poétiques et religieuses, dont il vient de publier un enregistrement chez Zig-Zag Territoires (voir ici): dépassant l’heure et demie et, a fortiori, le temps imparti au pianiste français, le recueil ne pouvait hélas être programmé en son entier, mais il offrira quand même en bis l’avant-dernière pièce, «Andante lagrimoso».
Froid, certainement pas; sérieux, peut-être; réfléchi, sans doute; concentré, bien sûr. Et impossible de parler de sévérité avec une main gauche aussi somptueuse: c’est plutôt d’une maîtrise impériale de tous les paramètres qu’il s’agit. S’il s’épanche certes peu, s’il conserve une hauteur souveraine, si son jeu très droit ne s’autorise jamais de débordements, ce qui convient à cette musique gagnant à ne pas être confiée à des bateleurs d’estrade sentimentaux, sa prestation ne manque ni d’éloquence, ni d’engagement, ni d’impact. Il va même jusqu’à s’encourager de la voix pour délivrer une puissance véritablement orchestrale, mais sans frapper excessivement le clavier ni jamais dénaturer la sonorité du Yamaha. Peut-être plus impressionnant que touchant, mais ô combien impressionnant.
Le site de Lille Pianos Festival
Le site de François-Frédéric Guy
Simon Corley
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