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Otello quand même

Paris
Opéra Bastille
06/14/2011 -  et 17*, 20, 23 & 28 juin, 1er, 4, 7, 10, 13, 16 juillet 2011
Giuseppe Verdi : Otello
Aleksandrs Antonenko (Otello), Lucio Gallo*/Sergei Murzaev (Jago), Michael Fabiano (Cassio), Francisco Almanza (Roderigo), Carlo Cigni (Lodovico), Roberto Tagliavini (Montano), Renée Fleming*/Tamar Iveri (Desdemona), Nona Javakhidze (Emilia), Chae Wook Lim (Un araldo)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, Marco Armiliato (direction)
Andrei Serban (mise en scène)


A. Antonenko, R. Fleming (© Opéra national de Paris/Ian Patrick)


Préavis de grève « lié à la réforme des retraites » pour la deuxième représentation d’Otello, devenue version de concert faute de décors : les chanteurs jouent comme ils peuvent, le chœur chante immobile. Le syndicat SUD a confirmé sa conception très particulière du service public. La direction a beau accorder diverses compensations ou proposer le remboursement du billet, ceux qui avaient prévu leur spectacle d’opéra ont apprécié – ne rappelons pas ici le prix des places. Quant au régime des retraites de la maison, chacun sait à quel point il est désavantageux…


La distribution, heureusement, se situe à un très bon niveau. A l’exception, de taille il est vrai, du Iago de Lucio Gallo, sommaire et mal chantant, qui tube les sons, arrache ses aigus, n’a pas de ligne. Sans doute aura-t-on plus de chance, à partir du 23 juin, avec Sergei Murzaev. Le Letton Aleksandrs Antonenko, dont l’Otello salzbourgeois avait semblé assez problématique en 2008 sous la direction de Riccardo Muti, constitue en revanche une belle surprise. La voix a gagné à la fois en puissance et en homogénéité, sans aigus criés, les effets véristes n’entachent plus une ligne beaucoup mieux modelée, le ténor letton maîtrise davantage son legato – beau monologue du troisième acte. La caractérisation s’est aussi affinée, pour camper un Maure émouvant et humain, sans l’héroïsme brisé d’un Vickers ou l’intensité douloureuse de Domingo. Renée Fleming n’avait plus été invitée à l’Opéra depuis le Capriccio des adieux de Hugues Gall – Gerard Mortier, paraît-il, n’appréciait guère la diva américaine. Elle qui en fait souvent trop ou pas assez fait en Desdémone juste ce qu’il faut, même si l’on peut toujours trouver un peu lisse ce chant impeccable, si la voix n’a plus autant de miel et de moire, si l’on doit attendre un certain temps que le personnage prenne vraiment corps. Cela arrive progressivement, au troisième, et surtout au quatrième acte, où la scène du saule est d’une absolue splendeur, où l’on sent tout le frémissement de l’innocence blessée.


Ce quatrième acte, d’ailleurs, réussit à tout le monde, notamment à l’orchestre, que Marco Armiliato conduit au début avec plus d’efficacité que de raffinement, souvent moins théâtral qu’expéditif, pas très sensuel dans le duo d’amour. Lui aussi s’affirme au troisième acte, travaillant davantage les couleurs, avec un final grandiose, où le chœur confirme que cet Otello lui doit beaucoup. Shakespeare rejoint enfin Verdi, avant que le quatrième acte ne termine la soirée en beauté, avec notamment des cordes remarquables d’éloquence – l’Ave Maria, l’entrée d’Otello.


A défaut de le voir, on a quand même entendu Otello, dont il faudra tester la seconde distribution.



Didier van Moere

 

 

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