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Vers une reconnaissance tardive?

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/26/2011 -  
Franz Schubert : Symphonie n° 3, D. 200 – Wanderer-Fantasie, D. 760 (adaptation Franz Liszt)
Jean Sibelius : Symphonie n° 2, opus 43

Peter Roesel (piano)
Orchestre national de France, Manlio Benzi (direction)


M. Benzi


Kurt Masur et Peter Roesel: l’affiche avait un délicieux petit parfum «Berlin Classics», mais la défection du chef honoraire à vie de l’Orchestre national de France, auquel les médecins ont conseillé de prendre quelques semaines de repos, suffit-elle à expliquer que cette soirée se déroule devant un Théâtre des Champs-Elysées médiocrement rempli? Il est vrai que la notoriété de son remplaçant, Manlio Benzi, professeur de direction d’orchestre à l’Académie de musique Rossini de Pesaro, n’a pas encore franchi les Alpes, même s’il faut relever que l’Italien dirigera la saison prochaine Orphée et Eurydice de Gluck à l’Opéra Bastille. De la Troisième Symphonie (1815) de Schubert, il souligne le caractère dansant des mouvements centraux, bien enlevés, mais, pour le reste, ne parvient pas toujours à susciter l’intérêt, péchant tantôt par sécheresse, tantôt par un souci excessif du détail.


Suit une véritable curiosité, la Wanderer-Fantaisie (1822) «agrandie» pour piano et orchestre par Liszt (1852), admirateur de Schubert, dont il avait déjà précédemment transcrit bon nombre de lieder. Mais si l’adaptation requiert très exactement l’orchestre schubertien, du moins celui des deux dernières symphonies (bois, cors et trompettes par deux, trois trombones, timbales et cordes), il ne s’agit pas ici du concerto pour piano que Schubert n’a jamais écrit: en effet, il est difficile non seulement de se départir d’un sentiment de dépaysement, tant la version originale est célèbre, mais aussi de ne pas repérer la patte du compositeur hongrois dans certaines tournures pianistiques ou orchestrales. C’est sans nul doute à cette année de célébrations lisztiennes qu’on doit l’occasion de jeter un petit coup d’œil sur l’étagère derrière ses partitions concertantes les plus connues – Concertos, Danse macabre, Fantaisie hongroise – mais d’autres attendent encore la redécouverte en concert (Malédiction, Polonaise brillante d’après Weber, Fantaisie sur «Les Ruines d’Athènes») – Masur, justement, en avait d’ailleurs enregistré une intégrale avec Michel Béroff (EMI).


Unanimement fêté par les musiciens et par les spectateurs, Peter Roesel est-il engagé, à soixante-six ans, sur la voie de l’une de ces reconnaissances tardives dont le public parisien semble raffoler, à l’instar d’Arrau et Bolet, voire de Ciccolini? En tout cas, ceux qui auront profité d’une de ses très rares visites dans la capitale ne s’en étonneront pas: le pianiste allemand subjugue par un toucher de velours et une puissance qui ne pèse jamais, tout en conservant un jeu d’une grande sobriété, associant une articulation précise à une parfaite fluidité. Ses interventions purement solistes, au début des deuxième et quatrième parties, constituent un pur régal, qui se prolonge en bis dans le Deuxième (en la bémol) des quatre Impromptus D. 935 (1827), à la fois souple, dépouillé et sans pathos. Et, comme s’il était au fait des usages de Masur, il invite l’orchestre à quitter la scène à sa suite en prenant par la main le premier violon solo, Sarah Nemtanu.


Non modifié en première partie malgré le changement de chef, le programme est en revanche complètement bouleversé après l’entracte, perdant en cohérence – exeunt la Méphisto-Valse et Les Préludes de Liszt – ce qu’il gagne en durée, avec la Deuxième Symphonie (1902) de Sibelius. Directeur artistique du festival Notti Malatestiane à Rimini et déjà apparu notamment à la Fenice, à Dresde ou à Liège, Benzi possède indéniablement la fibre lyrique et dramatique, mais cette dimension ne saurait suffire dans cette œuvre, même si elle a été pour partie conçue en Italie: efficace nonobstant une mise en place imprécise, il tend, malgré toute sa vivacité et sa générosité, vers une certaine idée de Tchaïkovski, d’autant que le propos, quand il n’est pas décousu, bascule trop souvent dans le spectaculaire ou le grandiloquent. Instrumentalement affûté et d’une couleur inhabituellement séduisante, l’Orchestre national est dans un bon soir, mais pas de très bonne humeur pour autant, si l’on en juge par l’accueil glacial qu’il réserve à son chef au moment des saluts: rien à voir, il est vrai, ne serait-ce que pour le charisme, avec un remplaçant ayant effectué ses débuts avec le National voici un peu plus de cinq ans, Eivind Gullberg Jensen, qui avait alors choisi... la Deuxième de Sibelius.


Le site de Manlio Benzi
Le site de Peter Roesel



Simon Corley

 

 

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