Paris Palais Garnier 05/25/2011 - et 26, 27, 28, 30, 31 mai, 1er, 3, 4, 7 juin 2011 Anne Teresa de Keersmaeker : Rain Ballet de l’Opéra national de Paris
Ensemble Ictus
Depuis longtemps Anne Teresa de Keersmaeker méritait de se produire à l’Opéra de Paris, il semblait incongru que l’une des chorégraphes les plus douées de sa génération n’ait pas encore travaillé avec la meilleure troupe de ballet au monde. On reste cependant sur sa faim après ce spectacle : pourquoi une seule œuvre ? Une heure dix chrono, c’est un peu court tout de même ! Pourquoi Rain (2001), construit sur l’une des plus fascinantes œuvres de la musique américaine d’après guerre, jalon important de la musique répétitive, Music for eighteen musicians (1976) de Steve Reich ? La chorégraphe, ici, ne se hisse pas à la hauteur de cette pièce rigoureuse et foisonnante, où l’improvisation semble souvent de mise, contrairement à des réalisations précédentes comme Bartók/Aantekeningen (1986) sur le Quatrième quatuor de Bartók ou La Nuit transfigurée de Schoenberg (donné au Châtelet en 1995). Oscillant entre narration (« rencontres » entre danseurs, solos) et rigueur formelle (gestion de l’espace), Rain convainc à moitié et l’on se surprend à observer l’ascèse interprétative des musiciens dans la fosse, répétant des formules qui varient imperceptiblement avec une concentration extrême (et si le véritable chorégraphe de la soirée était Steve Reich ?). Les danseurs ne semblent pas totalement à l’aise, les attitudes (ironiques, pensives) au devant de la scène face au public sonnent faux, ne viennent pas de l’intérieur, de même que les alternances style relâché/mouvements de danse, nombreuses et très caractéristiques du répertoire contemporain. Une occasion manquée.