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Quelque part entre vulgarité et trahison

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/14/2011 -  et 26 mai 2011 (London)
Gustav Mahler : Symphonie n° 7
Philharmonia Orchestra, Lorin Maazel (direction)


L. Maazel (© Bill Bernstein)


Au lendemain d’une Sixième catastrophique (lire ici), la tournée mahlérienne du Philharmonia aux Champs-Elysées donne le sentiment de s’enfoncer encore un peu plus dans le naufrage, avec une Septième symphonie (1905) que Lorin Maazel précipite vers des icebergs de vulgarité. Par respect pour l’exceptionnel professionnalisme des cent dix musiciens londoniens, pour le bonheur sincère des spectateurs ayant acclamé cette interprétation d’environ une heure quarante comme pour l’auguste carrière du chef américain né à Neuilly-sur-Seine il y a quatre-vingt-un ans, on se contentera de peu de mots pour dire à quel point ce Chant de la nuit – une œuvre parmi les plus personnelles de Gustav Mahler – nous a paru trahi par une direction aussi personnelle que consternante.


Pendant une demi-heure, le premier mouvement hésite entre le luxe d’un déchiffrage ostentatoire (les harpes) et l’emphase d’une immobilité bruyante (les cuivres). Outre un problème de tempo (loin d’être Allegro moderato), la première Nachtmusik n’offre qu’une mise en place impeccable (depuis les contrebasses jusqu’à la mise en scène des cloches de troupeau) – sans râpure ni arêtes. De même, le Scherzo – d’un hédonisme pâteux – ne dégage aucun mordant. Plus fidèle au tempo mahlérien (Andante amoroso), la seconde Nachtmusik est le mouvement le moins décevant... peut-être est-ce parce que l’on pouvait croire qu’il serait le plus sirupeux?


Baignée d’une lumière plus douce (violons, flûte, clarinette) sans être moins rêche, elle n’oublie pourtant pas de balancer quelques uns des bling bling et des cling cling entendus la veille. Retrouvant une battue pataude, la kermesse est tout entier de retour lors du Rondo-Finale, où l’on croit entendre la Marche des empereurs mongols d’Elgar plutôt que la Septième de Mahler. Si Lorin Maazel joue parfois au dresseur d’éléphants, le résultat offre pourtant des plans sonores d’une grande clarté. Mais jamais la mayonnaise ne prend et les atmosphères se succèdent sans urgence, jusqu’au naturalisme niais. Quelque part entre vulgarité et trahison. Et à la fin, comme au cirque, on applaudit... Un immense gâchis.



Gilles d’Heyres

 

 

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