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Les prix 2010 de Pro Musicis Paris Salle Cortot 04/02/2011 - Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano n° 1
Claude Debussy : Sonate n° 3 pour violon et piano
Lucien Durosoir : Aquarelles
Francis Poulenc : Sonate pour violon et piano, FP 119
Guillaume Latour (violon), Célimène Daudet (piano)
G. Latour
Dernier concert, salle Cortot, de la saison de l’association Pro Musicis, dont l’une des missions est de faire connaître de jeunes talents de part et d’autre de l’Atlantique. A cette fin, elle accorde chaque année des «prix internationaux»: la liste des lauréats ne manque pas d’allure, de Kim Kashkashian (1979) et Peter Oundjian (1980) à Delphine Bardin et Marie Vermeulin (2009) en passant par Natalie Dessay (1990), Dana Ciocarlie (1996) et Christian Gerhaher (1998). Avant d’entendre le 10 octobre prochain la violoncelliste Marion Platero, deux autres titulaires du prix 2010 se produisent en duo, Guillaume Latour (né en 1981) et Célimène Daudet, dans un court programme exclusivement français, précédé, comme de coutume, d’une présentation de François Lafaye, président de l’association.
Né à Bayonne, formé à Bordeaux (avec Micheline Lefebvre) puis à Paris au CNSM (avec Olivier Charlier), Guillaume Latour est, depuis cinq ans, violon solo à l’Opéra de Toulon. Dans l’unique mouvement (posthume) de la Première Sonate (1897) de Ravel, il frappe d’emblée par une sonorité agréable, une grande assurance et un phrasé à la fois soigné et naturel. Si la pianiste aixoise, ancienne élève d’Olivier Gardon, Denis Pascal et Géry Moutier à Paris (CRR), Rueil-Malmaison et Lyon, désormais elle-même enseignante au CRR de Toulon, demeure quelque peu sur la réserve, le duo fonctionne parfaitement et possède d’évidentes affinités avec ce répertoire, ce que confirme l’interprétation de la versatile Sonate (1917) de Debussy, avec un violon toujours prêt à s’enflammer soudainement.
Après l’entracte, c’est également un musicien dont le destin est lié à la Grande Guerre, Lucien Durosoir (1878-1955), qui, une fois démobilisé, renonça à sa brillante carrière de violoniste – il fut notamment konzertmeister de l’Orchestre Colonne – pour embrasser celle de compositeur. Le disque, et plus particulièrement l’éditeur Alpha (voir ici), contribue notamment à la redécouverte actuelle de cet indépendant, élève de Tournemire et de Caplet – ni «impressionniste», ni apparenté au Groupe des six. Les cinq brèves Aquarelles (1920) ne possèdent certes pas l’impact de sa grande mélodie Le Balcon ou de ses trois Quatuors, mais on y trouve déjà son refus de la facilité, de la prétention et de la luxuriance: la «Berceuse» échappe ainsi à la pièce de genre un peu facile, tandis que le néoclassicisme de la «Ronde» ou de l’«Intermède» poétique n’a rien à voir avec l’humour un peu sec et poivré en vogue à cette époque. Et la poésie, notamment dans «Bretagne» et «Vision», ne perd jamais ses droits.
D’une guerre mondiale à l’autre, la Sonate (1943/1949) de Poulenc conclut dans un climat d’autant plus dramatique que le compositeur a révisé sa partition après le décès accidentel de sa dédicataire et créatrice, Ginette Neveu. L’œuvre n’est sans doute pas la meilleure de son auteur, mais la pianiste, qui vient de publier un disque consacré à Bach (Arion), s’y affirme davantage et convainc tout autant que son partenaire, qui, en bis, ne rate pas l’occasion de se mettre en valeur dans la Csárdás (1904) de Vittorio Monti.
Le site de Célimène Daudet
Simon Corley
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