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Modernités hongroises

Normandie
Deauville (Théâtre du Casino)
04/22/2011 -  
Franz Liszt : Zweite Elegie pour violoncelle et piano, S. 131 – La lugubre gondola pour violoncelle et piano, S. 134 – Années de pèlerinage, troisième année (l’Italie), S. 163: Angelus!, Aux cyprès de la villa d’Este. Thrénodie, Les Jeux d’eau à la villa d’Este (*)
Béla Bartók : Sonate pour deux pianos et percussion, Sz. 110 (* #)

Bertrand Chamayou (*), Jonas Vitaud (#) (piano), Yan Levionnois (violoncelle), Hélène Colombotti, François Desforges (percussion)


B. Chamayou (© Thibault Stipal)


Le sixième des huit concerts du quinzième Festival de Pâques de Deauville était consacré, devant une salle trop médiocrement remplie au regard de l’intérêt du programme et de la qualité des interprètes, à deux maîtres hongrois dans leurs œuvres les plus prémonitoires et les plus novatrices.


Tout d’abord, Franz Liszt (1811-1886). Après une Elégie presque fauréenne, dans laquelle Yan Levionnois déploie un jeu d’une belle intensité mais cumule malheureusement les imprécisions, est présentée, sans pause, une version méconnue de La lugubre gondole pour piano et violoncelle réalisée par le compositeur lui-même. Si la version pour piano seul est globalement plus convaincante, celle-ci bénéficie, notamment dans sa partie finale, de la fragilité des cordes du violoncelle, au moment où l’on imagine la gondole noire, sans gondolier, navigant, mystérieuse, dans une brume glaçante, vers quelque île des morts. C’est d’ailleurs dans cette partie que le violoncelliste fait preuve d’une vraie délicatesse, rattrapant l’impression mitigée provoquée par sa prestation antérieure. Bertrand Chamayou, quant à lui, abuse malheureusement de la pédale et paraît déjà faire face à un piano désaccordé. La chose se confirme avec les trois extraits de la Troisième des Années de pèlerinage (1867-1877) qu’il propose ensuite. Il y démontre une incontestable maîtrise technique sans se laisser emporter par la tentation de l’esbroufe, dans une vision plus impressionniste qu’architecturale, notamment au milieu des gerbes de gouttelettes diaprées projetées par les fontaines de la villa d’Este, mais le tout est décidément plombé par l’état de l’instrument.


Après la pause, qui permit à certaines personnalités de s’éclipser discrètement et durant laquelle on eut encore droit à une projection d’images, faiblement sonorisées mais sous-titrées, consacrées aux premières heures du festival ou à des extraits de journaux télévisés vantant les «yearlings de la double croche», la seconde partie du concert était intégralement consacrée à la Sonate pour deux pianos et percussion (1937) de Béla Bartók (1881-1945) déjà proposée par quasiment les mêmes interprètes en 2004. On avait grand plaisir de retrouver un solide duo, habitué de Deauville, formé de Bertrand Chamayou et Jonas Vitaud, pianistes maintenant expérimentés malgré leur jeunesse et qui nous avaient enchanté à maintes reprises par le passé. Tournant le dos au public, ils dialoguent alors, avec un autre excellent duo, placé face à eux, celui des percussionnistes Hélène Colombotti, présente avec les mêmes pianistes en 2004, et François Desforges. Le premier mouvement est pourtant décevant, à la fois pâle, manquant de nervosité, et presque fouillis. Les deux pianistes ne sont pas toujours ensemble quand il le faut et manquent du large lyrisme que l’on retrouve dans la Musique pour cordes, percussion et célesta, contemporaine, alors que les percussionnistes sont en tout point exemplaires. Le fait que l’accordeur n’ait pu achever d’ajuster convenablement le piano de Bertrand Chamayou lors de la pause se révèle de surcroît rédhibitoire dans le Lento ma non troppo et le dernier mouvement paraît sans allant, sans urgence, sans respiration. Cependant, bissé il est mieux rythmé même s’il faut déplorer à nouveau quelques décalages entre les pianistes, notamment lors de la curieuse pirouette finale, les percussionnistes étant à nouveau beaucoup plus irréprochables, alliant sûreté de geste et sens des nuances.



Stéphane Guy

 

 

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