About us / Contact

The Classical Music Network

Normandie

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le relais

Normandie
Deauville (Théâtre du Casino)
04/17/2011 -  
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16
Johannes Brahms : Quatuor avec piano n° 3, opus 60

Amaury Coeytaux (violon), Arnaud Thorette (alto), Yan Levionnois (violoncelle), Nicholas Angelich (piano)


N. Angelich (© Stéphane de Bourgies)


Le deuxième week-end du festival de Pâques de Deauville présentait des affiches particulièrement riches. D’un côté, le salon Livres&Musiques permettait de découvrir de nombreux ouvrages consacrés à la musique classique, théoriques, historiques ou pratiques, ou inspirés par elle, romans, nouvelles ou bandes dessinées dont l’hilarant Haut de Gamme de Christian Binet, l’auteur prolifique de la saga des Bidochon, présent sous les tentes du salon à cette occasion pour dédicacer ses albums. De l’autre, le cinquième concert résumait assez bien la caractéristique essentielle du festival musical: le relais passé entre la génération des «anciens» et la jeune génération. En effet, Nicholas Angelich, un des fondateurs du festival, né en 1970, ouvrait le programme au théâtre du casino et le concluait en compagnie d’un trio de jeunes artistes dont Yan Levionnois, né en 1990.


Nicholas Angelich interpréta tout d’abord Kreisleriana (1838) de Robert Schumann (1810-1856). Classiquement à l’aise dans la grande forme, il démontra, après un début quelque peu dur, son aptitude à la petite, bien qu’il se plût à dégager plus les lignes architecturales essentielles que les irrégularités, les emportements, les caprices, les sautes d’humeur de ces pages si imprévisibles. Sa sûreté de toucher, confondante, comme sa virtuosité paraissant sans limite trouvèrent néanmoins à s’exprimer dans l’ensemble de ces huit pièces aussi contrastées que redoutables. Et c’est un interprète semblant proprement lessivé qui, au terme d’une concentration exceptionnelle, sans avoir jamais avalé une note, quitta la scène, comme plus marqué par les moments d’abattement presque dépressifs que par les passages d’excitation fantasque un peu éloignés à vrai dire de ses choix esthétiques.


La seconde partie du concert était consacrée au Quatuor pour piano et cordes en ut mineur (1875) de Johannes Brahms (1833-1897). Les interprètes en donnèrent une lecture aboutie et maîtrisée mais sans vraie passion, le violoncelle paraissant un peu vert pour cette partition longtemps murie d’un compositeur en pleine maturité et Nicholas Angelich montrant à nouveau ses affinités avec celui-ci. En fait, les interprètes furent bien meilleurs lors de la reprise, en bis, du troisième mouvement. Ils y déployèrent un chant beaucoup plus pur et une grâce effusive des plus prenantes. On ne pouvait que regretter devant une telle musicalité la faible assistance du public. Le concert n’empêchait pourtant pas en sortant de profiter des derniers rayons de soleil aux limites de la mer ou de jeter un œil à l’exposition de photographies prises depuis les débuts du festival, en 1997, exposées à deux pas de la plage, au Club 2010, et montrant certes le passage pénible du temps mais aussi l’esprit de famille qui unit à l’évidence les musiciens qui sont passés par le festival de Pâques.



Stéphane Guy

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com