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Au-delà des mots et des notes

Paris
Amphithéâtre Bastille
04/12/2011 -  
Bruno Mantovani : Suonare – Icare (*)
Ludwig van Beethoven : Sonates n° 14, opus 27 n° 2, et n° 32, opus 111

François-Frédéric Guy, Varduhi Yeritsyan (piano)


F.-F. Guy (© Guy Vivien)


Parallèlement aux représentations d’Akhmatova dans la grande salle, Bastille accueille en son amphithéâtre trois concerts consacrés à Bruno Mantovani: après la voix et la musique de chambre, c’est le piano de François-Frédéric Guy qui conclut cette série. Le compositeur, en compagnie de son librettiste, Christophe Ghristi, par ailleurs directeur de la dramaturgie à l’Opéra de Paris, présente deux de ses œuvres, chacune suivie d’une sonate de Beethoven: sa modestie dût-elle en souffrir, ce voisinage, qui, pour tant d’autres, eût été intimidant pour ne pas dire téméraire, se révèle tout à fait opportun.


Créée par Nicholas Angelich et reprise ensuite notamment par Claire Désert, Suonare (2006) poursuit une belle carrière. De trilles en notes, accords ou brèves cellules répétés, ces dix-sept minutes d’un seul tenant passent comme un éclair et, si l’on entend ici ou là Debussy, Ravel ou Messiaen, c’est davantage un héritage bien intégré qu’une pâle ou révérencieuse imitation. Les oppositions de registres suggèrent parfois deux instruments, anticipant ainsi sur Icare (2009), pièce pour deux pianos qui condense en dix minutes les seize minutes d’une pièce pour... piano seul, Dédale, écrite quelques mois plus tôt pour le film-installation éponyme du cinéaste et plasticien Pierre Coulibeuf (né en 1949). Varduhi Yeritsyan (née en 1981), créatrice et dédicataire de Dédale, se vit également confier la première d’Icare, avec l’un de ses anciens professeurs, Brigitte Engerer. Le duo qu’elle forme cette fois-ci avec François-Frédéric Guy met en valeur une écriture plus traditionnelle que dans Suonare, privilégiant l’alternance et la concertation sur le conflit tout en faisant se succéder des épisodes de caractère et de tempo nettement contrastés: rêveur et mystérieux, ludique et rythmé, calme sur fond d’ostinatos du second piano entrecoupés de grands gestes sur toute l’étendue du clavier, avant une véhémente péroraison.


Depuis une Hammerklavier qui, parue en 1997 chez Harmonia mundi, a révélé aux mélomanes la maturité d’un pianiste alors pas encore trentenaire, François-Frédéric Guy se range parmi nos grands beethovéniens. Ces dernières années, il a non seulement enregistré et donné en public l’intégrale des Concertos, mais a aussi maintes fois relevé le défi consistant à interpréter en quelques jours les trente-deux Sonates (que, nous dit-on, Akhmatova écoutait en boucle durant l’été 1963). Dans la Quatorzième (1801), heureuse surprise qui ne figurait pas dans le programme initialement annoncé, le pianiste français se montre à la hauteur de sa réputation et fidèle à son jeu très contrôlé, jamais complaisant mais à la sonorité très soignée, même s’il sait rendre justice au sentiment d’urgence du Presto agitato final. Mais comment ne pas penser que l’ultime Trente-deuxième (1822) lui convient encore mieux? Densité et concentration dans le premier mouvement, à la fois libre et très pensé, sens aigu de la construction dans le second, depuis le thème, très lent mais ô combien habité, suivi d’une progression soigneusement développée durant les trois premières variations. Défiant la description, la suite éclate en une prodigieuse réalisation digitale dans la quatrième variation, puis en une errance dont la modernité est soulignée sans outrance, avant d’atteindre, dans la cinquième variation et la coda, des espaces situés au-delà des mots et des notes.


Le site de Bruno Mantovani
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Simon Corley

 

 

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