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Faisons un rêve

Paris
Salle Pleyel
04/08/2011 -  
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5, opus 64

Nelson Freire (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Lionel Bringuier (direction)


L. Bringuier (© Anastasia Chernyavsky/Los Angeles Philharmonic)


Grand répertoire (autour d’un diptyque concerto/symphonie privé de sa rituelle ouverture), soliste aussi prestigieux qu’aimé du public et chef dont la précocité suscite la curiosité, voilà une affiche qui réunissait tous les ingrédients pour que le Philharmonique de Radio France fasse le plein salle Pleyel dans le cadre de ses traditionnels programmes du vendredi soir. Du beau et du grand piano, mais sans que cela devienne une fin en soi: dans le Second Concerto (1829) de Chopin, la démonstration de Nelson Freire est au service de l’œuvre, et non pas le contraire. Avec un phrasé velouté, un toucher miraculeux, une fluidité, une souplesse et une légèreté inébranlables, et malgré quelques traits imprécis, le pianiste brésilien rayonne de poésie et de délicatesse. Ceux qui souhaitaient en entendre davantage n’auront pas droit à un bis, mais pourront revenir trois jours plus tard pour son récital Schumann/Prokofiev/Granados/Liszt.


Alors qu’il n’est pas encore âgé de vingt-cinq ans, Lionel Bringuier a pourtant un long parcours derrière lui: chef associé de l’Ensemble orchestral de Paris (2005-2007), de l’Orchestre de Bretagne (2007-2010) et, depuis 2007 jusqu’à la fin de la présente saison, du Philharmonique de Los Angeles, entre-temps premier prix (à dix-neuf ans) au concours de Besançon (2005) et director titular de l’Orchestre symphonique de Castille et León (Valladolid) depuis 2009, il a déjà accroché à son tableau de chasse Boston, Cleveland, Munich et Oslo. Et pourtant, comme après ses deux premiers concerts avec le Philhar’, en septembre 2008 et janvier 2010, impossible de penser qu’il brûle les étapes ou qu’il fait partie de ces chefs trop tôt montés en graine et médiatisés. Dès la première partie de la soirée, dans le concerto de Chopin, il est ainsi parvenu à faire mentir la tenace réputation d’une partition souvent décriée comme mal instrumentée et peu intéressante pour l’orchestre.


Après l’entracte, dans la Cinquième Symphonie (1888) de Tchaïkovski, il confirme qu’il a les idées claires et qu’il sait où il va. Avec une direction à poigne, très tenue, mais aussi tendue et lyrique, expressive et incisive, avec une gestuelle efficace et sans artifices, il trouve un moyen simple d’éviter le double écueil du pathos et de l’emphase: ne pas traîner (moins de trois quarts d’heure), avancer toujours, mais sans précipitation, car ce dégraissage se contente à vrai dire de respecter simplement les indications de tempo du compositeur: Andante, Allegro con anima, Allegro vivace (alla breve). Et même si la Valse (Allegro moderato) tient ici davantage d’un scherzo, notamment dans sa partie centrale en fa dièse mineur, même si la respiration fait par moments un petit peu défaut, il s’impose avec une maturité et une autorité saisissantes, déployant un sens dramatique aigu jusque dans sa manière d’enchaîner deux à deux les mouvements quasi attaca et dans sa parfaite conduite des progressions.


Bringuier va jusque dans leurs rangs saluer les chefs de pupitres: c’est un bonheur que d’avoir vu les musiciens s’impliquer à 200% et livrer le meilleur d’eux-mêmes, en tutti comme en solo. On commence beaucoup à parler de 2012, y compris dans les orchestres, puisque c’est l’année au cours de laquelle le contrat de Myung-Whun Chung, directeur musical du Philhar’, arrivera à échéance: faisons un rêve...


Le concert en intégralité :







Simon Corley

 

 

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