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Heureux

Paris
Salle Pleyel
04/06/2011 -  et 7 avril 2011
Jean Sibelius : Finlandia, opus 26
William Walton : Concerto pour violon
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100

Gil Shaham (violon)
Orchestre de Paris, Yoel Levi (direction)


G. Shaham (© Christian Steiner)


Souffrant, Sakari Oramo a dû renoncer à ses deux soirées avec l’Orchestre de Paris et c’est Yoel Levi, bien connu du public de la capitale, puisqu’il est depuis 2005 le chef principal de l’Orchestre national d’Ile-de-France, qui est invité à le remplacer. Le chef israélien, qui ne s’était jusqu’alors produit avec la formation parisienne qu’à trois reprises en janvier 1987 dans la Huitième Symphonie de Bruckner, a repris sans modification la totalité du programme initialement prévu, qu’il a dirigé, comme à son habitude, par cœur, y compris dans le concerto, devant une salle Pleyel aux rangs un peu trop clairsemés. C’est bien sûr la marque de son collègue finlandais qui se révèle, en début de concert, dans le choix de Finlandia (1899/1900) de Sibelius, entrée en matière fracassante, presque trop, avec l’éclat des cuivres, la profondeur des graves et la tension qui s’impose dès la fanfare initiale.


En décembre dernier, Gil Shaham a entamé avec un mémorable Second Concerto de Prokofiev un cycle consacré à six concertos des années 1930, qu’il présente à raison de deux par saison. C’est cette fois-ci celui de Walton, compositeur anglais suffisamment rare pour que son Concerto (1939/1943) fasse à cette occasion son entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris, qui n’avait jusqu’alors interprété que son ouverture Scapino... en 1974. Coup sur coup, en mai 1999, juin 2000 et octobre 2000, ses trois concertos (violoncelle, violon et alto) avaient certes été programmés par Radio France, mais depuis, l’auteur de deux Symphonies et de tout aussi admirables Variations sur un thème de Hindemith avait complètement disparu de l’affiche. Destinée à Heifetz et écrite pour partie en Italie, la partition, comme le Concerto d’Elgar trente ans plus tôt, est en si (mineur), mais Walton, bien qu’ensuite anobli et honoré de fonctions officielles, ne s’y montre pas sous un jour typiquement britannique, lui qui passa les trente dernières années de sa vie sur l’île d’Ischia, à l’entrée du golfe de Naples. Explicitement latine dans son Presto capriccioso alla Napolitana central, la musique possède en outre une séduction assez proche de celle exercée par le Concerto de Barber: malgré l’absence de mouvement lent, elle ménage de grands moments mélodiques et bénéficie d’une orchestration d’une belle finesse.


A tout juste quarante ans, le violoniste israélo-américain confirme qu’il est dans toute la plénitude de ses moyens: non seulement sa technique ne souffre aucun reproche, à l’image de ces traits d’une parfaite sûreté ou de ces aigus lumineux, précis, puissants et timbrés, mais son alliage d’enthousiasme, de générosité, d’élégance, d’humour et de tendresse fait merveille à chaque instant. On se réjouit donc déjà de pouvoir entendre dans les concertos de Barber et de Berg respectivement en décembre et en mars prochains, mais en attendant, comme lors de sa précédente venue, il accorde en bis à des spectateurs aux anges deux pages de Bach, une radieuse Gavotte en rondeau de la Troisième Partita, puis une très allante Sarabande de la Deuxième Partita.


Après un Finlandia tonitruant, comment Levi allait-il aborder la Cinquième Symphonie (1944) de Prokofiev, dont la veine «patriotique» fut abondamment glorifiée en son temps? Hors de tout contexte historique, et sans même songer à «la grandeur de l’esprit humain» que le compositeur disait avoir voulu y exalter, le chef ne bouscule jamais le tempo et prend le temps – près de cinquante minutes – de faire ressortir tout ce que l’œuvre peut offrir de lyrique et de mélodique. Ce chant presque ininterrompu trouve sans doute en lui-même sa propre limite, celle d’une approche univoque, ni belliqueuse, ni triomphale, ni même simplement épique ou spectaculaire dans les mouvements impairs, dépourvue d’ironie ou d’arrière-pensées dans les mouvements pairs. Mais sous cette baguette à la fois sûre et dépourvue de narcissisme, les musiciens ont l’air heureux. Le public aussi.



Simon Corley

 

 

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