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Fliessend aber nicht schnell

Paris
Théâtre du Châtelet
03/31/2011 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 7
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Marco Dos Santos)


L’Orchestre national de France poursuit, avec son directeur musical Daniele Gatti, le cycle Gustav Mahler débuté en octobre 2009. Après avoir déjà rendu compte des Première, Deuxième, Troisième et Cinquième symphonies, on était impatient de juger cette entreprise, qui parviendra à son terme le 1er décembre prochain, à la lumière d’une œuvre – la Septième (1905) – qui permet comme peu d’autres de faire le tri entre les mahlériens authentiques et les explorateurs occasionnels de ce corpus symphonique aujourd’hui incontournable. Si Daniele Gatti doit être rangé dans la première catégorie, il s’attaque à une symphonie dont le National avait livré, il y a onze ans déjà (lire ici), une prestation mémorable et hors norme sous la baguette du regretté Evgeny Svetlanov (1928-2002). Le chef italien se livre sans se ménager dans une partition qu’il n’a guère besoin de beaucoup regarder, à la tête d’une formation d’un professionnalisme presque sévère... Bref, on ne plaisante pas avec la Septième de Mahler au National.


Est-ce pour cela que l’extrême tension dans l’exécution paraît à ce point étouffer le souffle du discours, qui ne se relâche véritablement que dans la seconde Nachtmusik? Le chant du quatrième mouvement s’épanouit ainsi, tout Andante amoroso qu’il est censé être, en une chaude nuit remplie d’étoiles – aussi chaude que la couleur orangée d’un fond de scène qui change imperceptiblement de couleurs tout au long du concert –, ne ménageant un emballement fiévreux qu’à partir de l’Etwas drängend des dernières mesures – qui s’éteint progressivement dans le bec d’une merveille de clarinette –, refusant de traiter en solistes la guitare, la mandoline et le premier violon, lesquels s’intègrent pudiquement à la tendresse du tout. C’est peut-être dans ce mélange de solennité et de pudeur (qui n’est en rien timidité) que l’on recherchera à la fois la clef d’une interprétation «apollinienne» – plus proche d’Otto Klemperer que de Václav Neumann – et l’unité des cinq mouvements. Le Scherzo répond à la même vision céleste (manquant en cela de rugosité grinçante, de brusquerie humaine), effectivement «Fliessend aber nicht schnell» («Fluide, mais pas rapide») avec ses cordes tranchantes mais sans violence et dans un tempo plus conventionnel que celui des mouvements précédents. On s’éloigne en effet de l’Allegro moderato dans la première Nachtmusik, la retenue de la battue parvenant – sans négliger la cohérence d’ensemble ni gommer les aspérités – à magnifier les détails de cette sérénade.


En revanche, on avouera, dans les mouvements extrêmes, être davantage impressionné par la qualité de l’exécution que convaincu par une approche volontiers lyrique mais souvent indolente. Le premier mouvement désoriente ainsi par la lenteur de sa mise en place comme de son tempo. Le Rondo-Finale paraît, quant à lui, revendiquer ce refus de l’emballement, cette esthétique de la propreté dans l’organisation de la lenteur. On jugerait cela laborieux si l’on ne faisait le constat de l’absence de chute de tension ou de baisse d’attention, le résultat parvenant à intéresser par le kaléidoscope des détails – à défaut de convaincre par le bien-fondé de la conception. Le mérite en revient d’ailleurs aux musiciens de l’Orchestre national de France, attentifs et impliqués, dignes de tous les éloges par leur concentration. Les nuances des cordes produisent des merveilles. Les vents et les bois s’illustrent dans leurs interventions solistes. Le fond d’orchestre déjoue les pièges de la partition – le cor solo trouvant la couleur et la justesse adéquates dans ces phrases si périlleuses. La représentation s’achève sur une note d’émotion avec le départ en retraite de deux piliers de l’orchestre, auxquels musiciens et spectateurs rendent un hommage appuyé: le flûtiste Philippe Gauthier et le contrebassiste Gabin Lauridon, ce dernier remerciant le public du National pour l’«immense plaisir» que sa carrière lui apporta. Un plaisir réciproque...


La page de Gabin Lauridon sur le site des contrebassistes de l’Orchestre national



Gilles d’Heyres

 

 

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