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L'intrépidité des Berg

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/12/1998 -  
Joseph Haydn : Quatuor op. 76 n°6 (HOB III/80 )
Claude Debussy : Quatuor à cordes
Johannes Brahms : Quintette à cordes n°2 op. 111

Quatuor Alban Berg, Hariolf Schlichtig (alto)

Il y a maintenant quelques années, le Quatuor Alban Berg passait pour le chef de file de l'école viennoise du quatuor. On allait l'écouter pour ses cordes chaleureuses, rondes et orchestrales (par opposition aux sonorités rauques mais tout aussi engageantes d'un quatuor Vegh par exemple). On connaissait son aisance dans le répertoire viennois, notamment Mozart et Schubert.

Depuis plusieurs années, le tableau a changé. Cela s'entend à leur son beaucoup plus cru, qui n'est plus spécialement chaleureux. On aurait toutefois tort d'y voir le début d'un déclin, car le quatuor n'a peut-être jamais aussi bien joué. Son rapport à la musique s'est encore approfondi, et justifie toutes les prises de risque. L'interprétation du quatuor de Haydn semblait marquée par la mesure (de la vie, mais sans exubérance), jusqu'à ce qu'arrive le mouvement lent. Que s'est il passé ? Tout a déraillé. Fini le confort. Les Berg ont joué au bord du précipice, en faisant juste le minimum pour que le morceau tienne. Et ils ont fait mouche. Idem dans le mouvement lent du quintette de Brahms : par un jeu de soustraction des effets, ils ont réussi à faire passer une émotion folle. Le calme était percé d'une violence extrême. Comme une fêlure béante d'où s'échappait la musique de Brahms.

Le Quatuor de Debussy fut pour sa part complètement orchestral. On a sans doute rarement entendu interpréter ses deux premiers mouvements avec autant de brio. Les tempi sont rapides, l'engagement, total, et l'unité entre les instrumentistes est parfaite. Il faut les avoir entendus pour comprendre ce que peut vouloir dire "jouer ensemble". Dans l'andantino, le premier violon Günther Pichler joue le thème comme une chanson douce que l'on susurre à l'oreille de son amoureuse. Sans atteindre la perfection des deux premiers mouvements, il furent plus que convaincants, et donnèrent une des plus belles versions du quatuor que l'on puisse imaginer.

Les Berg semblent aujourd'hui bien au-delà de la séduction, au-delà de la restitution du style. Ils se risquent dans un corps à corps avec les émotions violentes qui font l'essence de la musique. Souvent pour le meilleur.



Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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