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Essai non transformé Paris Auditorium du Louvre 03/30/2011 - Felix Mendelssohn : Quatuor n° 4, opus 44 n° 1
Pierre Jalbert : Quatuor n° 4 (création française)
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 15, opus 132 Quatuor Escher: Adam Barnett-Hart, Wu Jie (violon), Pierre Lapointe (alto), Dane Johansen (violoncelle)
Le Quatuor Escher (© J. Henry Fair)
Changement de statut à l’Auditorium du Louvre pour le Quatuor Escher: après les «Concerts du jeudi» (midi) dédiés aux talents à découvrir, dans le cadre desquels il s’était produit en mars 2009, il accède cette fois-ci à la prestigieuse série du mercredi (soir). Toujours confiant dans la programmation conçue par Monique Devaux, le public, s’il n’est pas tout à fait aussi nombreux qu’à l’accoutumée, n’en a pas moins répondu présent. En deux ans, la jeune formation américaine, constituée en 2005 et ayant choisi le nom de l’artiste néerlandais par référence à sa «méthode d’interaction entre des composantes individuelles s’associant pour former un tout», n’a pas seulement changé de statut. Depuis lors, elle a renoncé à jouer debout pour adopter une posture assise plus habituelle et, surtout, son violoncelliste, Andrew Janss, a laissé place en mai 2010 à Dane Johansen – un musicien à la technique solide et à la personnalité affirmée.
Le Quatuor Escher a-t-il pour autant réussi cette année à «transformer l’essai» de sa précédente prestation parisienne? S’il permet d’emblée de confirmer aussi bien les quelques problèmes d’intonation que la maîtrise instrumentale et la cohésion qui avaient alors été relevés, le Quatrième Quatuor (1838) de Mendelssohn (premier de l’Opus 44) suscite néanmoins quelques doutes: l’élan quasi continu et le caractère radieux de l’œuvre, dans la descendance du juvénile Octuor, s’estompent au profit d’une lecture au sérieux beethovénien (Molto allegro vivace) ou à la nostalgie brahmsienne (Andante espressivo ma con moto), les deux autres mouvements péchant par une excessive sagesse.
Comme il y a deux ans, c’est ensuite la création française d’une partition de Pierre Jalbert (né en 1967): après son Deuxième Quatuor (Icefield Sonnets), voici donc le Quatrième (2008), qui lui a été commandé par les Escher. S’il fut l’élève de George Crumb à l’université de Pennsylvanie, le compositeur demeure attaché à la tradition, tant par le langage et les sonorités, qui ne vont guère au-delà de Bartók, que par la forme, en quatre mouvements (vingt-cinq minutes) tout à fait classiques, à l’exception du premier («Spiral I»), qui s’apparente à un bref prélude en notes et accords répétés, figures animées et glissandi. «Waveform», beaucoup plus développé, tient lieu de mouvement lent et obéit à une très prévisible structure ABA’, paisible nocturne oscillant autour de l’unisson et flirtant avec la consonance, dont la partie médiane se révèle à la fois plus lyrique et heurtée. Après un court scherzo («Labyrinth») en traits rapides avec une section centrale en pizzicati, la virtuosité et les effets de «Spiral II» tentent de satisfaire aux attentes et canons d’un brillant mouvement final.
Indéniablement sincère et probe, et même impliquée, l’interprétation paraît cependant bien trop appliquée pour rendre justice à un chef-d’œuvre tel que le Quinzième Quatuor (1825) de Beethoven, lissé par un premier degré qui peine à trouver une cohérence dans le déroulement du discours et reste à la surface des choses, à l’image d’un Allegro ma non tanto charmant et séducteur, sinon extérieur ou anecdotique, ou d’un Alla marcia bien pesant. L’altiste canadien Pierre Lapointe annonce le bis: l’Allegro con brio initial du Onzième Quatuor «Serioso» (1810), que les Escher avaient déjà joué en 2009, bénéficie d’une urgence autrement plus convaincante.
Le site du Quatuor Escher
Le site de Pierre Jalbert
Simon Corley
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