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Par une belle matinée d’été

Bruxelles
La Monnaie
03/13/2011 -  et 15, 17, 18, 20*, 22, 23, 25, 27, 29, 30 mars 2011
Wolfgang Amadeus Mozart : La finta giardiniera, KV 196
Jeffrey Francis (Don Anchise), Sandrine Piau*/Simona Saturová (La Marchesa Violante), Jeremy Ovenden*/Andrew Staples (Il Contino Belfiore), Henriette Bonde-Hansen (Arminda), Stella Doufexis (Il Cavaliere Ramiro), Katerina Knezíková (Serpetta), Adam Plachetka (Nardo), Mireille Mossé (...)
Orchestre symphonique de la Monnaie, John Nelson*/Peter Tomek (direction)
Karl-Ernst et Ursel Herrmann (mise en scène, décors, costumes et éclairages)




Il y a presque un quart de siècle, durant le mandat de Gerard Mortier, la Monnaie a présenté au Théâtre du Parc une Finta giardiniera (1775) qualifiée d’historique. Le spectacle, conçu par Karl-Ernst et Ursel Herrmann, a permis de reconsidérer cette œuvre de jeunesse jugée auparavant comme mineure. Il y a quelques années, les époux le remirent sur le métier pour le Théâtre national de Prague en conservant l’esprit de la mise en scène et l’essentiel des décors mais en apportant une touche de modernité. Ceux qui assistèrent à la première version en 1986 s’amuseront à repérer les différences par rapport à cette reprise – costumes contemporains, bosquet plus aérien et abstrait, pour reprendre les termes de Karl-Ernst dans le Monnaie Munt Magazine, direction d’acteur dynamisée – mais cette nouvelle mouture conserve les bruits de la nature en fond sonore. Un réfrigérateur, accessoire aujourd’hui presque aussi récurrent sur scène que les lavabos et autres sanitaires, apporte une subtile touche de modernité, une barque glissant lentement autour du plateau confère un sentiment de quiétude bienvenu, l’encadrement de la fosse par la scène accroit la proximité avec un public de toute évidence ravi. Subtil, en effet, mais aussi léger, imperceptible, épuré, voici autant d’adjectifs qui viennent à l’esprit en admirant ce décor unique aux couleurs doucement déclinées (le matin) ou abruptement contrastées (l’orage) grâce à un éclairage recherché.



(© Bernd Uhlig)


La réputation de Karl-Ernst et Ursel Herrmann repose également sur une analyse approfondie des relations humaines que Mozart expose dans cette Finta avec une étonnante maturité. Dans ce spectacle poétique, fin et intelligent, l’humour, toujours à-propos, jamais vulgaire, se mêle à la gravité tandis que les idées ne viennent jamais à manquer. Celle d’imaginer un personnage supplémentaire – l’Amor dans la version originale, « … » dans la nouvelle – s’avère payante surtout grâce à l’exceptionnelle Mireille Mossé (déjà présente en 1986) qui incarne, sans presque jamais sortir de scène, une sorte de chef d’orchestre lilliputien, à la fois attendrissant, drôle et étrange. La comédienne porte sur ses épaules une responsabilité aussi grande que celle des chanteurs et du chef. John Nelson, justement, n’était plus descendu dans la fosse de la Monnaie depuis 1983. A l’image de l’alignement des arbres, il règle l’accompagnement au cordeau en privilégiant les détails, la limpidité et la clarté plutôt que la vitesse. Sa direction présente plus d’alacrité que de rondeur ce qui ne messied pas à cette partition inventive et réjouissante. Malgré quelques furtives insuffisances parmi les bois, l’Orchestre symphonique de la Monnaie affiche une maîtrise tout à fait satisfaisante.


Aucun personnage ne peut se cacher à l’ombre tant l’ouvrage les place quasiment sur un même pied d’égalité. Les chanteurs possèdent le physique et la voix requis par leur rôle à commencer par Jeffrey Francis qui incarne, dans celui de Don Anchise, un vieux beau vocalement assuré. Sandrine Piau, qui n’a évidemment plus rien à prouver, concilie à merveille douleur et nostalgie dans son incarnation de Sandrina, en fait la marquise Violente. Ténor mozartien par excellence, Jeremy Ovenden (Belfiore) exploite la fibre comique et maladroite sans faillir sur le plan vocal. Henriette Bonde-Hansen (Arminda) joue la diva fière et excentrique tandis que Stella Doufexis (Ramiro) apporte moins de relief dans son interprétation en regard du reste de la distribution, malgré un savoir-faire évident. Deux débuts à la Monnaie doivent être signalés, celui du fort bon Adam Plachetka (Nardo), qu’il serait agréable de retrouver sur cette scène, et surtout de Katerina Knezíková (silhouette pulpeuse, timbre juvénile) qui croque avec délice une Serpetta consciente de son pouvoir de séduction, exhibant d’ailleurs son nombril à travers un orifice en forme de losange.



Sébastien Foucart

 

 

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