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Gustavo... et non pas Gustav

Paris
Salle Pleyel
01/31/2011 -  et 13, 14, 15 (Los Angeles), 22 (Lisboa), 23 (Madrid), 26 (Köln), 28 (London) janvier, 3 (Budapest), 4 (Wien) février 2011
Gustav Mahler : Symphonie n° 9

Los Angeles Philharmonic, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Luis Cobelo)


Alors que le concert de la veille posait clairement la filiation avec Leonard Bernstein, on ne songe plus du tout au chef américain en écoutant Gustavo Dudamel interpréter la Neuvième symphonie (1910) de Gustav Mahler, à la tête d’un orchestre toujours aussi impressionnant de fiabilité et de rondeur. Deux jours après la Dixième par la Philharmonie tchèque, Los Angeles offre au public de Pleyel une Neuvième bien différente de ton comme d’esprit. Un esprit qu’on qualifierait volontiers d’hédoniste. Un hédonisme sans narcissisme, tant on croit à la sincérité du jeune chef vénézuélien (né en 1981) dans son amour de Mahler (lire ici ou ici) qu’il dirige sans partition. Mais, ainsi que l’indique la présentation des artistes dans le programme, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles évolue «sous la direction exubérante» de Gustavo Dudamel. Et cette exubérance, quand elle devient arbitraire, dessert l’interprétation d’une partition qui «n’est plus écrite à la première personne. Elle consiste en affirmations pour ainsi dire objectives, à peu près sans passion, d’une beauté qui ne devient perceptible qu’à ceux qui sont capables de quitter la chaleur animale pour se sentir chez eux dans le froid de l’esprit» (Arnold Schönberg, également cité dans les notes du concert).


Achevée dans un long silence respectueux et conclue par des applaudissements aussi ardents qu’enthousiastes, la Neuvième par Dudamel est loin de susciter la même émotion que celle ressentie, en octobre dernier, sous la baguette de Claudio Abbado. La faute, certainement, à deux premiers mouvements proches du hors-sujet. Décousu voire déstructuré, l’Andante comodo pâtit tout à la fois d’une construction qui manque de cohérence, d’une battue trop lente et d’une propension fâcheuse à faire fluctuer les tempos en flirtant avec le sirupeux. Exagérant l’Etwas täppisch pour s’enfoncer dans de gros sabots (pour le coup, vraiment patauds) et abusant des ralentis en fin de phrase (une tendance déjà observée la veille dans Beethoven), le deuxième mouvement dérive vers un naturalisme niais. Les choses s’arrangent franchement dans le Rondo-Burleske, où l’on trouve enfin du mordant et de l’ironie, où l’on apprécie aussi la sobriété de l’annonce du thème de l’Adagio et où l’on reste pantois devant la virtuosité orchestrale... jusque dans une folle accélération finale. Le contraste n’en est que plus fort avec un dernier mouvement où l’on admire l’excellence d’ensemble des pupitres et la qualité individuelle des musiciens, où de la lave en fusion s’extrait des cordes californiennes et où, souvent, le chef ose l’immobilité totale – parvenant à captiver sans tout à fait «extirper», à ébranler sans complètement émouvoir. Si le Mahler de Gustavo paraît encore un peu adolescent, Dudamel deviendra peut-être un très grand interprète de Gustav Mahler. D’ici là, prochaine Neuvième de Mahler salle Pleyel (... la troisième de la saison): le 28 mars, avec Valery Gergiev et le Symphonique de Londres.



Gilles d’Heyres

 

 

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