About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Entre ennui et consternation

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/21/2011 -  et 29 janvier 2011 (Regensburg)
Nikolaï Rimski-Korsakov: Shéhérazade, opus 35
Johannes Brahms: Symphonie n° 1, opus 68

Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, Zubin Mehta (direction)


Z. Mehta


Zubin Mehta s’est produit voici deux ans à Paris avec la Philharmonie de Vienne, mais cela faisait plus de six ans que le public de la capitale n’avait pu l’entendre avec l’Orchestre du Mai musical de Florence, dont il fut le chef principal dès 1985 avant d’en devenir le directeur honoraire à vie en 2006. Le Théâtre des Champs-Elysées accueille la première étape d’une tournée qui se conclura le 29 janvier en Allemagne après être passée par le Luxembourg et, principalement, par l’Espagne. Au-delà, ce concert marque le début d’une année durant laquelle l’orchestre fondé en 1928 par Vittorio Gui accomplira au total trois tournées qui le conduiront dans trente et une villes d’Europe et d’Asie.


Un beau défi dans un pays qui, s’il a donné d’immenses chefs et a vu fleurir, comme partout, les ensembles baroques, ne s’est jamais illustré par ses orchestres à l’égal des autres principaux pays européens. Ce manque de notoriété explique-t-il une salle bien peu remplie pour un vendredi soir, alors que le programme était pourtant grand public et que le chef indien demeure, quoi qu’en puisse en penser, l’une des stars les plus renommées de la baguette? A bientôt soixante-quinze ans, il porte toujours beau, mais on ne tarde pas à déchanter, car à la tête d’un effectif guère plus féminisé que celui du Philharmonique de Vienne, il se contente dans Shéhérazade (1888) de Rimski-Korsakov d’une interprétation routinière, sans relief particulier ni lacunes criantes, si ce n’est un manque de flamme, notamment dans les mouvements pairs: les tempi ne choquent pas, le propos, à défaut de finesse, ne dérape pas dans la facilité et le troisième mouvement déploie même un lyrisme assez séduisant.


Mais la réalisation, pas toujours très soignée dans les détails, pâtit avant tout d’un orchestre calamiteux à tout point de vue: cohésion hasardeuse, sonorités d’une rare laideur, tant globalement que par familles (cordes sans consistance, petite harmonie bien verte) ou individuellement, et succession presque ininterrompue de pains dans tous les pupitres, à commencer par le violon et le violoncelle solos, essentiels dans cette œuvre. Le fou rire guette même lorsqu’un des percussionnistes, afin d’amortir le son de la grosse caisse, se place à moitié à califourchon sur l’instrument. N’échappent au naufrage que quelques éléments isolés – clarinette, trompettes, trombones et tuba, même si ce dernier a tendance à devenir envahissant. Pour une musique dont la rutilance orchestrale constitue le principal atout, le compte n’y est donc pas du tout et il n’en reste que le squelette de carton-pâte. Et il y a de quoi s’interroger, dans de telles conditions, sur le sort qui sera réservé dans les prochains jours, à Madrid ou à Saragosse, à Oviedo ou à Valladolid, au Sacre du printemps de Stravinski ou au Concerto pour orchestre de Bartók.


En seconde partie, l’association d’une formation médiocre et d’un chef peu inspiré ne réussit pas davantage à la Première Symphonie (1876) de Brahms. Un fort crapuleux piano subito dans l’introduction lente du premier mouvement laisse craindre de fâcheuses fantaisies à la Maazel, mais malgré la tentation passagère de se laisser aller à des effets douteux, ce sont ensuite la lourdeur et l’ennui qui prédominent. A peine une semaine après la Deuxième et la Quatrième maltraitées par le Philharmonique de Saint-Pétersbourg et Youri Temirkanov, c’est à croire qu’on veut vraiment dégoûter les Parisiens de Brahms: absence de respiration, lassitude accablante, pesanteur laborieuse, prosaïsme engourdissant, platitude désespérante – comment peut-on transformer ainsi le puissant Finale en Ouverture pour une fête académique?


En bis, l’Intermezzo de Manon Lescaut (1892) de Puccini, avec des solos de cordes finissant par prêter à sourire tant ils se révèlent pathétiquement faux, retrouve un peu de vie, mais pas de subtilité. Impréparation? Méforme passagère? Quel que soit le prestige du chef, voilà en tout cas une soirée qui se situe bien en deçà des standards de qualité auxquels la salle de l’avenue Montaigne a de tout temps habitué ses fidèles.


Le site du Mai musical de Florence



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com