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Décantation

Paris
Cité de la musique
01/09/2011 -  
Dimitri Chostakovitch: Quatuor n° 4, opus 83, n° 11, opus 122, et n° 12, opus 133

Quatuor Borodine: Ruben Aharonian, Andrei Abramenkov (violon), Igor Naidin (alto), Vladimir Balshin (violoncelle)


Le Quatuor Borodine (© Thomas Mueller)


Le dernier mot du second cycle de concerts présenté par la Cité de la musique parallèlement à l’exposition «Lénine, Staline et la musique» qui se tient jusqu’au 16 janvier au Musée de la musique ne pouvait revenir qu’à Chostakovitch, figure emblématique des succès et vicissitudes du «compositeur soviétique». Et de même que Strauss (Richard) est associé à la Staatskapelle de Dresde ou Strauss (Johann) à la Philharmonie de Vienne, Chostakovitch est intimement lié au Quatuor Borodine. Fondée en 1945 sous le nom de Quatuor philharmonique de Moscou, la formation a été entièrement renouvelée au fil du temps: l’ayant rejointe en 1975, année de la disparition de Chostakovitch, le second violon Andrei Abramenkov en est désormais le vétéran, tandis que Vladimir Balshin a remplacé en 2007 le dernier des fondateurs, le violoncelliste Valentin Berlinsky. Demeure-t-elle dès lors porteuse d’une tradition d’interprétation de l’un des plus importants corpus chambristes du siècle passé, attestée notamment par l’enregistrement de deux intégrales, dont l’une du vivant du compositeur?


Après un samedi soir consacré aux Premier, Troisième et Septième Quatuors, le second programme, donné le dimanche après-midi devant une salle comble, apporte des éléments de réponse à cette question. Un peu au-delà du champ chronologique couvert par l’exposition, le regard se porte ici sur la période poststalinienne, car s’il a été composé aux pires heures de la dictature, le Quatrième (1949) n’a été créé qu’en décembre 1953, neuf mois après la mort du «petit père des peuples». S’il n’est pas le plus spectaculaire des quinze, il n’en est pas moins autobiographique que le célèbre Huitième, renfermant ainsi une allusion au Premier Concerto pour violon, autre grande page de ces années noires. D’emblée les Borodine frappent par leurs qualités techniques et leur justesse de ton: décanté et tamisé, transparent et distancié, feutré et immatériel, voilà un Chostakovitch qui se garde des excès ironiques et dramatiques ainsi que des sonorités râpeuses et épaisses dont il est parfois lesté.


Le même extrémisme dans l’épure et le dépouillement, qui n’est pas sans évoquer l’intransigeance du Quatuor Emerson, préside au bref Onzième (1966), dont le propos n’est guère plus léger, puisqu’il est dédié à la mémoire du second violon du Quatuor Beethoven: avec ses couleurs mates et blafardes, son style clinique et détaché, le Quatuor Borodine fait souffler le vent glacial de la «stagnation» brejnévienne. Après l’entracte, le Douzième (1968) n’apporte guère plus de chaleur, même dans sa coda, dont la tonalité majeure et l’élan rythmique apportent ici davantage de sécheresse que d’optimisme ou de lumière.


Une vision qui n’était pas celle de leurs aînés, mais qui suscite cependant une très forte impression et une adhésion enthousiaste du public, auquel est offert en bis, sans autre précision de la part du premier violon Ruben Aharonian, un «preludio» (sic) de Chostakovitch, extrait de la musique écrite pour le film Les Amies (1935) de Lev Arnshtam.


Le site du Quatuor Borodine



Simon Corley

 

 

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