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Belle santé

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/16/2010 -  
Jean Sibelius : Concerto pour violon, opus 47
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100

Valeriy Sokolov (violon)
Orchestre national de France, Vasily Petrenko (direction)


V. Petrenko (© Mark McNulty)


Ce programme de l’Orchestre National au Théâtre des Champs-Elysées se déroule, pour toute sa première partie, alors que les lumières ne sont pas éteintes dans la salle. Est-ce parce qu’il est intitulé «Aurores boréales»? Toujours est-il qu’il fait l’impasse sur la traditionnelle ouverture et débute directement par le concerto, en l’espèce celui de Sibelius (1903/1905). Avant Dan Zhu avec l’Orchestre Lamoureux le 27 mars puis Viktoria Mullova avec l’Orchestre de Paris les 29 et 30 juin, c’est Valeriy Sokolov (né en 1986) qui l’a choisi, alors qu’il l’a déjà donné à la Cité de la musique avec Vladimir Ashkenazy voici tout juste deux ans.


Mais sa prestation n’a rien à voir avec la précédente: autant le jeune Ukrainien avait paru timoré et en deçà de ses moyens en décembre 2008, autant il joue ici à l’estomac, sans cesse au bord du précipice expressif et technique, soutenu par un orchestre qui rugit à l’unisson. Rien d’académique dans cette fougue et cette intensité de tous les instants, qui flirte parfois avec le maniérisme, le mauvais goût et les effets de manche, quitte à exaspérer les tenants d’un Sibelius plus rigoureux, minéral et hautain. Et c’est avec l’éternel bis des violonistes – la Sarabande de la Deuxième Partita de Bach – qu’il remercie de son accueil un public conquis.


Après l’entracte, le noir habituel se fait à nouveau pour la Cinquième Symphonie (1944) de Prokofiev, que le National a souvent abordée ces dernières années, avec Kurt Masur en septembre 2005 ou tout récemment encore avec Neeme Järvi en juillet dernier. Malgré son jeune âge, Vasily Petrenko (né en 1976) – à ne pas confondre avec son homonyme et compatriote prénommé Kirill (né en 1972), ancien directeur musical du Komische Oper de Berlin (2002-2007) et chef désigné pour le «Ring du bicentenaire» en 2013 à Bayreuth – parvient toutefois à imposer sa marque par rapport à ses deux prédécesseurs – et de quelle manière! Après une élimination incompréhensible lors de la demi-finale du concours de Besançon en 2001, le chef russe a parcouru bien du chemin: dès 2002, il a obtenu le premier prix au concours de Cadaqués avant de devenir à la rentrée 2006 principal conductor de l’Orchestre philharmonique royal de Liverpool et, depuis 2009, de l’Orchestre national des jeunes de Grande-Bretagne.


Petrenko conjugue poigne et lyrisme, contours nets et courbes souples. S’il s’efforce d’enchaîner rapidement, presque attaca, les quatre mouvements, il prend en revanche son temps – plus de quarante-sept minutes au total – pour parcourir chacun d’entre eux. Le premier prend ainsi un caractère grandiose, comme pour célébrer les victoires de cette fin de Seconde Guerre mondiale. Les mouvements rapides sont menés avec une grande précision, d’une main de fer d’où jaillissent d’insaisissables fusées: le deuxième caustique, mordant et versatile, le finale simplement giocoso, exprimant un bonheur retrouvé. Et dans l’Adagio, les phrases s’épanouissent longuement et respirent largement, de la mélancolie à l’épopée ou même au drame. Tempi à la Bernstein, mais pâte orchestrale d’une densité karajanesque, quoique point trop épaisse, avec un zeste russe dans ces cuivres tendus jusqu’à éclater: cela fait toujours plaisir de voir et d’entendre le National dans une aussi belle santé.



Simon Corley

 

 

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