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D’après Andreas Homoki

Bruxelles
La Monnaie
12/10/2010 -  et 12, 14*, 15, 16, 18, 19, 21, 22, 23, 28, 29, 30, 31 décembre 2010
Giacomo Puccini : La Bohème
Ermonela Jaho*/Anita Hartig (Mimi), Anne-Catherine Gillet*/Camilla Tilling (Musetta), Giuseppe Filianoti*/Marius Brenciu, Sébastien Guèze (Rodolfo), Massimo Cavalletti*/Aris Argiris (Marcello), Lauri Vasar (Schaunard), Giovanni Battista Parodi (Colline), Marc Coulon (Parpignol), Jacques Does (Benoît), Gerard Lavalle (Alcindoro), Aldo de Vernati (sergent)
Chœurs d’enfants de la Monnaie, Denis Menier (chef des chœurs), Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Carlo Rizzi*/José Miguel Esandi (direction)
Andreas Homoki (mise en scène), Hartmut Meyer (décors), Mechthild Seipel (costumes), Franck Evin (éclairages)




Andreas Homoki a effectué ses débuts à la Monnaie en 2003 dans Eine florentinische Tragödie et Der Zwerg, deux spectacles en un coproduits avec le Komische Oper de Berlin. Même metteur en scène et provenance identique pour cette Bohème (1896), tube représenté pour la dernière fois en décembre 2002 – à quand le tour de La Fille du Far West, Madame Butterfly et Turandot, absents de l’affiche depuis respectivement 1982 1980 et 1979 ?


Le spectateur gagnant son fauteuil constate un plateau quasi désert, encadré d’un bord blanc et dévoilant des installations techniques habituellement dissimulées. Un immense sapin, amené au premier tableau puis décoré à vue au deuxième, des flocons de neige et divers objets du quotidien (bougies, bouteilles de vin, casier de Duvel, cadeaux) s’amoncelant progressivement évoquent la vie d’artiste, la fête de Noël, l’insouciance mais aussi la consommation effrénée et la vacuité. En fin de compte, s’il suffit de peu pour évoquer la vie de bohème et recréer celle de Puccini, l’économie d’un dispositif scénique complexe permet de se concentrer – refrain connu – sur la psychologie des personnages. Sur ce point, le metteur en scène a bien pensé sa proposition : ancrer le récit dans la modernité, se débarrasser des références à la ville lumière, souligner les contrastes. Ainsi, cette impertinente bande d’artistes, ambitieux et d’une sympathie somme toute relative, semblent issus de cette bourgeoisie qui s’abandonne à la fête chez Momus tandis que Mimi, coquette mais fragile, et Musetta, vulgaire mais sophistiquée, proviennent d’un milieu plus modeste.


Sans ignorer l’humour et l’émotion, Andreas Homoki invite à réfléchir sur les rapports entre les classes, un thème de saison, certes, mais en évitant la complaisance d’un spectacle de fin d’année à consommer avant de s’adonner aux libations. Le directeur de l’Opéra de Zurich dès 2012-2013 a de la suite dans les idées, qu’il agence avec cohérence, et possède un solide métier qui lui permet de s’autoriser quelques libertés avec le livret ; pour preuve, ce deuxième acte, véritable révélateur du savoir-faire d’un metteur en scène. Dans cette animation virtuose, les Chœurs d’enfants de la Monnaie s’en donnent à cœur joie quand ils dépouillent de son costume un Parpignol déguisé en Père Noël.



(© Johan Jacobs)


Les commentateurs les plus exigeants ne peuvent accuser cet artiste d’ignorer la musique, « véritable moteur d’un théâtre musical palpitant » selon ses propres termes reproduits dans le programme. Avec un sens achevé du théâtre, sans presser le pas ni le retarder, Carlo Rizzi s’engage dans cette inventive partition à la tête d’un Orchestre symphonique de la Monnaie fidèle à lui-même. La distribution concilie les exigences du chant avec celles de la scène, à commencer par les petits rôles de Parpignol, Benoît et Alcindoro, joliment croqués par Marc Coulon, Jacques Does et Gerard Lavalle, ainsi que ceux des figurants, endossés par les Chœurs de la Monnaie avec tout l’engagement dont ils sont coutumiers.


Gagnant en naturel dès le duo du premier tableau, Ermonela Jaho, timbre séduisant, incarne une Mimi sans surprise mais attachante – un talent à réinviter. Massimo Cavalletti, qui apparaît pour la première fois à la Monnaie, et Anne-Catherine Gillet, familière des lieux depuis dix ans, campent avec non moins de conviction et de tenue vocale un couple Marcello/Musette improbable mais fusionnel. S’ajoutent à cette galerie de portraits un Colline empli de charme (Giovanni Battista Parodi) et un Schaunard amusant (Lauri Vasar). Au départ prévue sans entracte, comme annoncé dans le Monnaie/Munt/Magazine, cette production comporte finalement une pause après le deuxième tableau mais, juste après le troisième, de subits soucis vocaux rencontrés par Giuseppe Filianoti (Rodolfo), a lors que tout semblait normal, nécessitent une autre interruption d’une durée annoncée de vingt à vingt-cinq minutes. Voilà qui gâche le climat et contrarie une partie des spectateurs qui ne peuvent pas se permettre de prolonger davantage leur soirée.



Sébastien Foucart

 

 

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