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Un Verdi inconnu

Zurich
Opernhaus
12/05/2010 -  et 8*, 11, 15, 19, 22, 26, 29 décembre 2010, 2 janvier 2011
Giuseppe Verdi: I Masnadieri

Isabel Rey (Amalia, nipote del Conte), Carlo Colombara (Massimiliano Conte di Moor), Fabio Sartori/Massimiliano Pisapia* (Carlo), Thomas Hampson (Francesco), Benjamin Bernheim (Arminio), Pavel Daniluk (Moser, pastore), Miroslav Christoff (Rolla, compagno di Carlo Moor)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Adam Fischer (direction musicale)
Guy Joosten (mise en scène), Johannes Leiacker (décors et costumes), Elfried Roller, Manfred Voss (lumières)


(© Bernd Uhlig)


Après Il Corsaro l’année dernière (lire ici), l’Opernhaus de Zurich poursuit avec bonheur son exploration des opéras peu connus de Verdi en exhumant I Masnadieri. L’ouvrage, basé sur Les Brigands de Schiller, appartient aux «années de galère« du compositeur de Busseto. La création a eu lieu à Londres en 1847, en présence de la Reine Victoria, de Louis Napoléon et du Duc de Wellington. Malgré un joli succès public, un critique anglais a écrit que la capitale britannique venait d’entendre «le pire opéra jamais donné au Théâtre de sa Majesté», comme le rapporte Piotr Kaminski dans son ouvrage Mille et un opéras. Ce jugement paraît extrêmement sévère car s’il est vrai que I Masnadieri n’est pas une des partitions de Verdi les plus inspirées, la musique, riche en contrastes, trahit néanmoins la fougue et l’ardeur si chères au compositeur et fait la part belle aux airs de bravoure, au point qu’on se demande pourquoi l’œuvre est si peu représentée aujourd’hui. La faute sûrement à une intrigue des plus sombres et cruelles, portée par des personnages monstrueux. Le moteur de l’action est le conflit entre deux frères que tout oppose, l’un allant jusqu’à tuer son père pour assouvir sa soif de pouvoir et l’autre étant prêt à sacrifier la femme qu’il aime pour respecter le serment de fidélité prononcé devant ses amis brigands. Alors que dans le drame de Schiller, les problèmes de société occupent une large place, Verdi et son librettiste Andrea Maffei ont privilégié la tragédie familiale.


Guy Joosten n’a pas voulu s’aventurer dans une actualisation à tout prix et a préféré raconter l’intrigue simplement, dans un habile décor sobre, composé pour l’essentiel d’un plateau tournant symbolisant le contraste entre les univers respectifs des deux frères. Au dernier acte, les différences s’effacent pour laisser place à un monde qui n’est plus que ruines et désolation après un incendie. Curieusement, les brigands sont représentés en perruques poudrées et outrageusement maquillés de blanc. La violence est omniprésente avec des pillages, des mises à feu, des viols de nonnes et des égorgements d’enfants. La plus grande réussite du metteur en scène est la caractérisation des personnages. La basse sombre de Carlo Colombara confère intensité et profondeur à son incarnation de vieux père malade, cloué dans un fauteuil roulant. Thomas Hampson est confondant d’autorité et de présence scénique dans le rôle du frère parricide, même si la voix n’a pas la couleur italienne qui sied au baryton Verdi. Isabel Rey campe une Amalia intense, mais la chanteuse est constamment à la limite de ses possibilités vocales. Remplaçant au pied levé Fabio Sartori souffrant après la première, Massimiliano Pisapia obtient un joli succès personnel, d’autant plus mérité que le rôle de Carlo, même s’il est relativement court, n’est pas forcément au répertoire de nombreux ténors. On retiendra également la belle performance de Benjamin Bernheim en Arminio; ce jeune ténor ayant démarré sa carrière à Lausanne mérite d’être suivi avec attention. La lecture d’Ivan Fischer ne manque ni de brio ni de théâtralité et de tension, rendant pleinement justice à la partition de Verdi.



Claudio Poloni

 

 

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