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Splendeurs orchestrales françaises

Paris
Salle Pleyel
12/10/2010 -  
Pascal Dusapin: Reverso
Henri Dutilleux: Métaboles
Maurice Ravel: Le Tombeau de Couperin – Daphnis et Chloé (Suites n° 1 et n° 2)

Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)


M.-W. Chung (© Jean-François Leclercq)


L’Orchestre philharmonique de Radio France retrouve un répertoire qu’il a beaucoup pratiqué – trop, diront probablement certains – avec son directeur musical: mais c’est bien dans ces splendeurs orchestrales françaises que Myung-Whun Chung s’est montré le plus à son avantage depuis qu’il a pris ses fonctions, voici maintenant dix ans – il en fera d’ailleurs profiter Moscou et Saint-Pétersbourg du 14 au 17 décembre prochain.


En attendant de créer le 24 juin prochain à Pleyel Morning in Long Island de Dusapin, ils reprennent, en présence du compositeur, Reverso (2006), destiné à Rattle et au Philharmonique de Berlin. L’avant-dernier de ses sept «solos pour orchestre» est également le plus développé (un peu moins de vingt minutes): si son propos n’est pas d’une folle originalité, il génère, avec un effectif immense (bois, trompettes et trombones par quatre, cors par six, près de soixante-dix cordes), de grandes vagues évoluant avec lenteur et suscitant un effet hypnotisant. Quatre «mouvements» (enchaînés) et une forme qui se déploie «par repliages, dépliages et pliages successifs et persistants» d’une mélodie: serait-ce une symphonie déguisée? Certes pas dans l’acception traditionnelle du terme, mais cette manière de traiter l’orchestre comme une voix unique s’oppose clairement – même si les deux œuvres font référence à un processus de transformation – à cette sorte de concerto pour orchestre que sont les Métaboles (1964) de Dutilleux, dont chacune des quatre premières parties met en valeur une famille d’instruments.


«Jardins à la française», tel est le titre du programme, mais qu’y a-t-il d’univoque et d’ordonné dans cette confrontation entre Dusapin, d’une part, dont la pâte sonore et la puissance tellurique semblent héritées de Berlioz, Varèse et Messiaen, et Dutilleux, d’autre part, dont les sortilèges instrumentaux se situent davantage dans la descendance de Debussy et Ravel? Chung connaît bien la partition – il l’a enregistrée dès son mandat à l’Opéra Bastille (Deutsche Grammophon) – et en cultive le caractère hédoniste, de façon un peu réductrice, même si ce n’est sans doute pas ici un contresens. Moment d’émotion lorsqu’il descend au parterre pour aller saluer Dutilleux, pas encore bien vaillant, mais de retour dans les salles de concert après de nombreux mois d’absence.


Seconde partie entièrement ravélienne, avec d’abord Le Tombeau de Couperin (1917/1919): la délicate suite de quatre pièces pour orchestre de chambre risquait de se trouver écrasée entre des colosses symphoniques, mais elle pâtit avant tout d’une interprétation marquée par des choix de tempi assez contestables (Prélude hâtif, Forlane languide) et par trop de maniérismes agaçants. Cette sensualité et cette souplesse sont davantage de mise dans les deux Suites de Daphnis et Chloé (1911/1913), pages fétiches de Chung, qui a moult fois donné au concert tout ou partie de cette «symphonie chorégraphique», notamment pour la réouverture de Pleyel, et qui en a gravé l’intégrale pour Deutsche Grammophon. Mais cette esthétique des sonorités fondues, idéale dans un capiteux Nocturne et dans une langoureuse Pantomime, avec la flûte enchantée de Magali Mosnier (qui recevra une fleur jetée depuis les tribunes du chœur), sait également laisser place à une «Danse guerrière» survoltée et une «Danse générale» de nature à transporter le public.



Simon Corley

 

 

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