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Episode de la vie d’un artiste Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 12/05/2010 - et 6, 7 décembre 2010 (Lille) Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14 – Lélio ou « Le retour à la vie », opus 14b Daniel Mesguisch (récitant), Julien Behr (ténor), Stephen Salters (baryton)
Chœur régional Nord-Pas-de-Calais, Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)
J.-C. Casadesus(© asappictures)
L’Orchestre national de Lille effectue chaque année une visite au Bozar qui s’inscrit dans le cadre des séries de concerts de l’Orchestre national de Belgique qui, en contrepartie, se rend au Nouveau Siècle (le 31 mars, cette saison). Classique parmi les classiques, la Symphonie fantastique de Berlioz (1830) garantit encore aujourd’hui une belle affluence mais l’intérêt de cet après-midi réside dans le couplage avec Lélio ou « Le retour à la vie » (1831), monodrame lyrique conçu pour lui succéder.
L’absence de pause et la présence du Chœur régional Nord-Pas-de-Calais et de Daniel Mesguisch dès le début renforcent la continuité de cet « Episode de la vie d’un artiste ». Assis dans un fauteuil durant toute l’exécution de la Symphonie, le comédien français incarne un Lélio tantôt rêveur et insouciant, tantôt éveillé et tourmenté. Les six parties de cette « partition invraisemblable » (Claude Ballif) lui permettent ensuite d’illustrer son art élevé de la déclamation que seuls les francophones et les familiers de la langue de Berlioz peuvent apprécier – les néerlandophones doivent en effet se passer de sous-titres et d’une traduction du texte dans le programme. Ce « Retour à la vie » convoque, en outre, un ténor (Julien Behr, distingué), un baryton (Stephen Salters, plus extraverti) ainsi que deux pianistes, Paulina Sawicka Pollet et Jean-Michel Dayez, discrètement installés côté jardin. L’éclairage est lui aussi étudié : feutré le plus souvent, prononcé lorsque Lélio s’adresse à l’orchestre pour lui faire exécuter sa Fantaisie sur « La Tempête » de Shakespeare.
Si cette association va de soi, ce (long) complément ne se hisse guère, sur le plan musical, au niveau de la Symphonie fantastique dans laquelle l’orchestre a tout le loisir d’illustrer son savoir-faire. Les cordes se montrent ainsi soyeuses dans « Un bal » élégant et bien enlevé, les bois évocateurs dans une « Scène aux champs » poétique mais inquiétante tandis que les timbales, disposées de part et d’autres de la scène comme s’il s’agissait de la Quatrième de Nielsen, déploient des effets sombres et inquiétants avant une « Marche au supplice » et un « Songe d’une nuit de sabbat » démentiels comme il se doit. Toujours aussi fringant, Jean-Claude Casadesus ne ménage pas ses efforts pour obtenir de la formation qu’il a fondée en 1976 la passion effrénée, le souffle et la démesure qu’appelle cette œuvre décidément épatante.
Le site de l’Orchestre national de Lille
Le site du Chœur régional Nord-Pas-de-Calais
Sébastien Foucart
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