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Vienne fin ou début de siècle

Paris
Salle Pleyel
12/03/2010 -  
Anton Webern : Sechs Stücke für grosses Orchester, opus 6
Alban Berg : Lyrische Suite (extraits, version pour orchestre à cordes)
Alexander von Zemlinsky : Lyrische Symphonie, opus 18

Angela Denoke (soprano), Peter Mattei (baryton)
Orchestre philharmonique de Radio France, Peter Hirsch (direction)


P. Hirsch (© Erika Koch)


Etait-ce le prix élevé des places, les frimas précoces, le changement de chef, Daniel Harding, souffrant, s’étant désisté, l’approche de la période de Noël, ou les effets de la crise? On ne connaîtra pas la raison de la très faible affluence de ce concert pourtant passionnant et ayant fait l’objet dans la presse d’importants encarts publicitaires mais on la regrettera assurément tant le programme un peu court mais composé de trois chefs-d’œuvre viennois entre deux ères musicales aurait dû être de nature à attirer une assistance nombreuse.


Il s’agissait tout d’abord des adamantines et compendieuses Six pièces opus 6 d’Anton Webern (1883-1945), créées en 1913 – la même année que Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinski et avec un scandale similaire – mais dans leur version révisée de 1928. Le chef allemand Peter Hirsch, né en 1956 mais voyageant semble-t-il peu et quasiment inconnu ici, débuta un peu vite le Langsam initial qui parut précipité et sans respiration mais imprima aux mouvements suivants, avec un soin extrême, une belle clarté. Le crescendo sonore admirable de la quatrième pièce qui s’extirpe inexorablement d’une sorte de gangue de silence fut notamment remarquable.


La Suite lyrique d’Alban Berg (1885-1935) qui suivait ces aphorismes de timbres, pièces de musique de chambre pour grand orchestre, était donnée dans l’arrangement pour orchestre à cordes réalisé par le compositeur lui-même de trois mouvements centraux de la série des six que comportait son quatuor à cordes créé en 1927. Là aussi le premier mouvement, Andante amoroso, parut décevant, presque lourd surtout au regard de la version pour quatuor à cordes et sans grande intensité alors qu’il s’agit de pages inspirées par une amante secrète. Les deux mouvements suivants parurent plus convaincants, notamment le deuxième avec ses bruissements mystérieux, les cordes du Philhar’ démontrant une superbe cohésion et Svetlin Roussev, violon solo, une pureté et une sobriété exemplaires.


La Symphonie lyrique (1922), œuvre trop méconnue d’Alexander von Zemlinsky (1871-1942), qui inspira la Suite lyrique, occupa l’intégralité de la seconde partie et permit de retrouver le grand orchestre. Si le baryton suédois Peter Mattei, doté d’une belle voix sur l’ensemble de la tessiture, chaude, mais d’une articulation restreinte, se fondait dans l’orchestre, la soprano allemande Angela Denoke manifesta avec des inspirations marquées une distinction constante, une autorité un peu froide, et une vision somme toute plus lyrique, l’opéra n’étant pas loin. Tout l’orchestre révéla, sans emphase, la somptuosité de l’orchestration des pages bâties par Zemlinsky autour de poèmes de Rabindranath Tagore, rappelant parfois le Chant de la terre de l’ami Gustav Mahler auquel on les compare trop souvent alors que la Symphonie lyrique n’a rien à envier au chef-d’œuvre mahlérien que l’on ne manque pas de nous imposer maintes fois au cours de ces années Mahler, en 2010 et 2011. Mais c’est encore Svetlin Roussev qui impressionna dans le quatrième mouvement, infiniment délicat sous la direction de Peter Hirsch.



Stéphane Guy

 

 

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