Back
A la recherche du son perdu Paris Théâtre Le Ranelgh 11/19/2010 - – et 21, 24, 25, 26, 27, 28* novembre, 1er, 2, 3, 8, 9, 10, 11, 12, 15, 16, 17, 18, 19, 22, 23, 24, 26, 29, 30, 31 décembre 2010, 2 janvier (Paris), 25 mars (Vallet), 24 avril (Nice) 2011 Chasseurs de sons
Cinq de cœur: Pascale Costes, Karine Sérafin (sopranos), Sandrine Mont-Coudiol (alto), Patrick Laviosa (ténor), Xavier Margueritat (baryton)
Marc Locci (mise en scène), Christophe Grundmann, Laury André (assistants à la mise en scène), Didier Louis (conseiller musical), James Angot (lumières), Sophie Desbordes (costumes), Mathieu Bionnet (son)
Quatre ans après, les explorateurs sont de retour au Théâtre Le Ranelagh, qui accueille les vingt-huit dernières représentations parisiennes des «Chasseurs de sons» (voir ici). Après deux ultimes prestations en province au printemps prochain, c’en sera fini du sixième spectacle présenté par le quintette vocal Cinq de cœur, fondé voici près de vingt ans, mais il enchaînera dès le 14 janvier (et jusqu’au 20 mai) avec la reprise de «Métronome» dans toute la France (jusqu’à Nouméa).
En attendant, c’est avec plaisir qu’on retrouve les cinq chanteurs et leur recherche du son perdu, épuisette en main mais en costumes Cosmos 1999 (combinaisons et casques, puis chemises et robes aux couleurs acidulées, bottes et chaussures blanches) conçus par Sophie Desbordes. Joyeux mélange de musique dite «classique», de chanson française et de rengaines du grand et du petit écran, le spectacle, coécrit par les membres du quintette vocal, dont trois ont par ailleurs réalisé les arrangements avec Bruno Kerhoas et Pierre Jeannot, semble s’être bonifié et la mise en scène de Marc Locci avoir encore gagné en rythme: pas un instant de répit, ce qui n’exclut pas de belles plages de poésie, comme Ma plus belle histoire (1966) ou Le petit bal perdu (1961) immortalisés respectivement par Barbara et par Bourvil. Et les textes ont conservé tout leur saveur, cultivant le décalage avec les paroles originales: la parodie transforme l’air des bijoux de Faust (1859) de Gounod en «Je ris d’entendre des décibels ici ce soir» et La Valse à mille temps (1959) devient «La vache à mille francs», tandis que la traduction simultanée d’It was a very good year (1961) offre un moment de pur délire. Dérapages contrôlés, cependant, car le propos, s’il passe parfois de la cocasserie à la grivoiserie, ne bascule jamais dans la vulgarité.
La tenue vocale demeure également de grande qualité, façon Double Six ou Swingle Singers: pas un seul instrument sur scène, mais un orchestre vocal, avec la seule aide d’une sono parfaitement réglée par Mathieu Bionnet et permettant d’imiter bruits ou timbres les plus divers – les portes grincent, les animaux crient et la contrebasse égrène ses pizzicati, mieux qu’une vraie. C’est avec enthousiasme qu’on suit le capitaine (et crooner) de l’expédition, le baryton Xavier Margueritat, dans les lieux finement suggérés par les lumières de James Angot: salle de cinéma, jungles inhospitalières traversées de Tarzan hurleurs et souterrains peuplés d’obstacles invisibles auxquels l’alto Sandrine Mont-Coudiol, entre deux «Alléluia!» retentissants, ne manque pas de se heurter. Entre deux captures de sons, certains cherchent aussi un certain Jean-Philippe (Smet?), qu’ils croient avoir identifié parmi les spectateurs. Pas de maillon faible dans l’équipe – tous ont la pêche, et il le faut bien, une heure et quart durant: Pascale Costes, soprano au bord de l’hystérie, Karine Sérafin, Joconde qui s’écrie «Qu’est-ce qu’elle a ma gueule?», et le ténor Patrick Laviosa, qui a remplacé Nicolas Kern, avec son obsession de Montélimar, après même que le rideau est tombé.
Une reprise qui tombe à point nommé pour les fêtes de fin d’année.
Le site du spectacle
Le site du Théâtre Le Ranelagh
Simon Corley
|