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De l’art d’interpréter Schumann

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
11/27/2010 -  
Robert Schumann : Waldeszenen, opus 82 – Sonate pour piano n°1, opus 11 – Phantasie, opus 17 – Thème et Variations «Geistervariationen», WoO 24
András Schiff (piano)


A. Schiff (© Sheila Rock)


Dans le cadre du cycle «Récitals au Palais» du Bozar, András Schiff a conçu un programme entièrement consacré à Robert Schumann dont le bicentenaire de la naissance aura été célébré trop incomplètement par cette institution. Si cette sélection présente un aperçu significatif de la vaste et passionnante production pour piano du compositeur, sa musique symphonique et, surtout, chorale n’a pas suscité un projet de l’importance de «All Mahler», débuté la saison passée et toujours en cours.


Les Scènes de la forêt (1849) annoncent le haut niveau de cette soirée. Le pianiste hongrois circonscrit et décrit avec imagination chaque pièce du cahier tout en conservant une vue d’ensemble. La Première Sonate (1835), défendue elle aussi avec éloquence, illustre les remarquables propriétés de ce jeu concentré et contrasté qui repose, en outre, sur une dynamique et un choix de tempi parfaitement pensés. Un sens indéniable de la construction permet à cet ennemi de la démonstration d’infuser toute la passion contenue dans cette vaste partition sans que celle-ci ne s’effondre.


La Fantaisie (1836) nécessite également d’alterner avec naturel intimité et passion. Malgré la profonde dualité qui singularise cet autre monument, András Schiff condense le propos avec transparence et procure, de nouveau, d’excellentes conditions d’écoute. Cette exécution d’envergure et animée sans agitation recèle des instants privilégiés comme ceux qui allient avec évidence légèreté et expression. Ceux qui apprécient la sonorité éminemment projetée du pianiste en sont pour leurs frais. A l’heure où bien des concerts s’achèvent, le héros du jour aborde avec fluidité le Thème et Variations dit «Geistervariationen» (1854), ultima verba dictées par les anges avant le saut dans le Rhin et l’internement : musique simple en apparence et sereine suivie, en guise de bis, des Papillons (1829), à l’opposé du parcours pianistique de Schumann, que le pianiste offre avec générosité après avoir posément salué le public.


Le prochain récital du cycle se tiendra le 7 décembre : Grigory Sokolov se produira dans Bach, Brahms et, de nouveau, Schumann, notamment la rare Humoreske.



Sébastien Foucart

 

 

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