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Quatuor dans la brume Tournai Eglise Saint-Jacques 11/20/2010 - Joseph Haydn : Quatuor à cordes, opus 74 n°3, Hob. III. 74 «Le Cavalier»
Daniel Kellogg : Soft sleep shall contain you
Franz Schubert : Quatuor à cordes n°14, D. 810 «La jeune fille et la mort» Quatuor Takács : Edward Dusinberre, Károly Schranz (violon), Geraldine Walther (alto), András Fejér (violoncelle)
Dans sa neuvième édition, qui a débuté le 17 octobre dernier, le festival européen du quatuor à cordes «Les Voix intimes» reprend ses habitudes. Les concerts ne se concentrent plus sur un petit nombre de week-ends, comme lors de la saison passée (voir ici), mais se répartissent d’octobre à mars à raison d’un par jour dans différents lieux de Tournai. «Entre tradition et modernité» : le fil conducteur retenu cette fois-ci permet de confronter les piliers du répertoire, comme Brahms, Mendelssohn et Mozart, avec des ouvrages plus récents (Pierre Bartholomée, Jacques Boisgallais, György Ligeti). Se limiter exclusivement à la musique contemporaine aurait illustré les tendances qui se dégagent actuellement dans ce genre prestigieux mais une telle initiative aurait probablement dissuadé bon nombre de spectateurs. Insérer une pièce d’aujourd’hui dans un programme traditionnel reste dès lors la moins mauvaise des solutions.
Le Quatuor Takács (© Peter Smith)
Après le Quatuor Minetti et avant les Quatuors Danel (23 janvier), Scaldis (18 février) et Sirius (27 mars), les Takács se produisent en l’Eglise Saint-Jacques, édifice érigé essentiellement au XIIIe siècle et qui mérite une visite à l’occasion d’un passage dans la cité wallonne. Cependant, l’architecture l’emporte largement sur l’acoustique, absolument inappropriée pour la musique de chambre tant la réverbération occulte les détails, dilue les contours et défavorise les graves. A cela s’ajoute un bruit de soufflerie continu et particulièrement gênant qui provient, semble-t-il, du système de chauffage. Au centre de la nef, le Quatuor «Le Cavalier» (1793) de Haydn se devine dès lors plus qu’il ne s’écoute mais les musiciens manifestent de toute évidence de la précision et de la vigueur.
En un seul mouvement, Soft sleep shall contain you de Daniel Kellogg (né en 1976), en résidence à l’Université du Colorado comme les Takács, commence et s’achève sur un tempo relâché avec, dans la partie médiane, un épisode plus animé et resserré. Cette composition inoffensive, presque insignifiante, adopte une écriture (volontairement ?) peu évoluée qui privilégie l’émotion grâce notamment à des longues lignes mélodiques alla Arvo Pärt, le minimalisme en moins. L’auteur utilise comme point de départ le motif de la mort du Quatorzième Quatuor «La jeune fille et la mort» (1824) de Schubert programmé en seconde partie. D’autres conditions auraient permis d’apprécier les nombreuses qualités de cette interprétation, relevées par ailleurs dans un enregistrement réalisé il y a quatre ans pour Hyperion (voir ici ) : maîtrise du discours, soin porté à la construction, justesse de l’expression. Malgré l’accueil favorable des spectateurs, certains n’hésitant pas à ovationner debout, et la brièveté de la prestation, les musiciens prennent congé du public sans accorder de bis.
Le 23 janvier, le Quatuor Danel, familier du festival, bénéficiera d’un lieu plus opportun, l’intimiste et confortable Conservatoire, et jouera, de nouveau, Haydn, le Quintette pour clarinette de Brahms, avec Jean-Michel Charlier, et le Quatuor «Envol et mort d’un papillon» de Pierre Bartholomée qui sera créé à cette occasion.
Le site des Voix intimes
Le site du Quatuor Takács
Sébastien Foucart
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