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Une anomalie réparée

Paris
Salle Pleyel
11/19/2010 -  
Vincent Paulet: Volcaniques (création)
Maurice Ravel: Concerto en sol
Paul Dukas: Symphonie en ut majeur

Jean-Efflam Bavouzet (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Lawrence Foster (direction)


L. Foster (© Marc Ginot)


Dans une salle Pleyel qu’on aurait souhaité un peu plus remplie, les «Paris de la musique», le festival de Musique nouvelle en liberté, concluent une belle série de concerts (essentiellement symphoniques à l’exception de celui du Quatuor Diotima) par une création de Vincent Paulet (né en 1962). Bien que la commande lui en ait été passée en 2002 par René Koering, il n’a achevé ses Volcaniques que l’année dernière. Ce triptyque de dix-huit minutes dont le volet central, de tempo lent, dure plus longtemps que les deux autres réunis, mobilise avec une efficacité quasi cinématographique un effectif assez imposant (bois et trompettes par trois) et des références aussi nombreuses qu’hétéroclites pour évoquer la vie humaine, perpétuellement sur un volcan, entre fatalité du destin et volonté de triompher de l’inéluctable. Dans le très bref premier mouvement, la profusion tourne parfois à la confusion, pour laisser place à une page beaucoup plus développée, mêlant sonorités capiteuses et atmosphère angoissée: un tintement répété de crotales conduit au mouvement final, de nouveau agité, entre inquiétude et dynamisme.


Jean-Efflam Bavouzet se produira le 7 avril avec l’Orchestre national de France et Daniele Gatti dans le Troisième Concerto de Beethoven et partira ensuite avec eux en tournée aux Etats-Unis pour donner à plusieurs reprises le Concerto en sol (1931) de Ravel, qu’il vient de graver pour Chandos. Privilège rare, il joue donc cette saison avec les deux orchestres de Radio France: car avant le National, c’est le Philharmonique, sous la direction de Lawrence Foster, qui l’accompagne dans cette œuvre redoutable, certains de ses pupitres ne se montrant d’ailleurs pas sous leur meilleur jour. Il en faut davantage pour déstabiliser le pianiste français, voltigeant dans une partie soliste qui ne semble lui poser aucune difficulté. S’attardant et détaillant volontiers dans l’Allegramente initial, il exploite sa grande richesse de toucher et varie les tempi pour mieux exacerber les contrastes entre verve colorée et détente jazzy. La mélodie de l’Adagio peine un peu à s’élever avec naturel, mais la rencontre avec l’orchestre, particulièrement avec le cor anglais de Stéphane Suchanek, tient toutes ses promesses, avant un Presto final pris à une vitesse phénoménale. Tirant en arrière le tabouret que Bavouzet avait précédemment repoussé sous le clavier, Foster lui intime l’ordre d’offrir un bis, ce à quoi il se prête évidemment bien volontiers: une éblouissante Toccata (1892), l’une des quelques pièces de Massenet qui complètent son récent disque Debussy/Ravel, puis des Jeux d’eau (1901) de Ravel dont il fait avant tout ressortir le caractère virtuose.


Du volcan de Paulet à la flamme de Bavouzet, le programme n’a décidément pas été sous-titré «Con fuoco» pour rien, car il en faut, de la fougue, pour animer la belle Symphonie en ut majeur (1896) de Dukas, décidément très à l’honneur cette saison au-delà même de son incontournable Apprenti sorcier: non seulement c’est La Péri qui a ouvert la saison de l’Orchestre de Paris (voir ici), mais le Philharmonique interprétera à son tour ce ballet le 25 février, avant de présenter une version de concert d’Ariane et Barbe-Bleue le 15 avril. De la fougue, Lawrence Foster en a à revendre pour défendre cette partition chère à son cœur, qu’il a enregistrée voici vingt ans (Claves): la générosité verse parfois dans l’opulence, nourrie par une masse de soixante-cinq cordes, mais il n’y a rien de pompeux ni de pompier dans l’approche du chef américain, contribuant avec brio à réparer une stupéfiante anomalie: sauf erreur, l’une des plus remarquables symphonies françaises écrites entre celles de Saint-Saëns et de Magnard, moins suspecte de wagnérisme et même de franckisme que celle de Chausson, n’avait pas paru à l’affiche depuis plus de dix ans à Paris.


Le site de Vincent Paulet
Le site de Jean-Efflam Bavouzet



Simon Corley

 

 

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