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Vive l’Eurostar! Paris Salle Pleyel 11/14/2010 - Felix Mendelssohn: Symphonie n° 3 «Ecossaise», opus 56
Johannes Brahms: Concerto pour violon, opus 77
Nikolaj Znaider (violon)
London Symphony Orchestra, Colin Davis (direction)
N. Znaider (© George Lange)
Si l’Orchestre philharmonique de Londres a pris ses habitudes ces dernières années au Théâtre des Champs-Elysées, l’Orchestre symphonique de Londres, pour sa part, est «en résidence» salle Pleyel, où il donne plusieurs programmes chaque saison: vive l’Eurostar! Par coïncidence, les deux formations se succèdent à Paris, dans le cadre de leurs tournées européennes respectives, à moins d’un jour de distance: la première samedi soir avenue Montaigne (voir ici), et la seconde dimanche après-midi faubourg Saint-Honoré, en provenance du Luxembourg. Quoique de durée sensiblement différente, les programmes sont très proches – associant une célèbre Troisième Symphonie à un concerto pour violon du répertoire – mais la comparaison s’arrête là, car si le LSO, en la personne de Valery Gergiev, dispose, comme le LPO avec Vladimir Jurowski, d’un bouillonnant chef russe comme directeur musical, c’est avec son president que le Symphony vient cette fois-ci dans la capitale.
Et la comparaison s’arrête d’autant plus que le four o’clock servi par sir Colin, apparemment bien remis des problèmes de santé qui l’avaient contraint à annuler quelques prestations l’été dernier, manque singulièrement de saveur. Dans la Troisième symphonie (1842) de Mendelssohn, dont les quatre mouvements sont joués attaca comme il se doit (mais le premier sans sa reprise), la pâte orchestrale, nourrie par soixante cordes, dispense un agréable confort, mais est trop rarement exploitée pour mettre en valeur les teintes sombres, parfois préwagneriennes, de la partition. Ce n’est certes pas à quatre-vingt-trois ans que Davis, connu pour les vertus d’équilibre de ses interprétations, va se convertir à l’excentrisme, mais l’ensemble aurait mérité davantage de souffle, et ronronne sans surprise, dans des tempi modérés. Cela étant, de la part d’un orchestre dont la réputation de cohésion et de solidité n’est plus à établir, la réalisation instrumentale est irréprochable; la puissance et l’énergie ne font même pas toujours défaut, grâce aussi au dynamisme de chefs de pupitres tels que Gordan Nikolitch au premier violon et Nigel Thomas aux timbales. Mais cette Ecossaise restera fort sérieuse et conventionnelle, d’un romantisme bien tempéré.
L’inversion consistant à placer le concerto en seconde partie, afin que d’éviter qu’une partie de la salle ne se vide durant l’entracte, trahit généralement la présence d’une star: ce n’est pas encore pourtant tout à fait le cas de Nikolaj Znaider (né en 1975). Dans le Concerto de Brahms, le colosse danois confirme un potentiel technique et expressif considérable: saisissant l’œuvre à bras-le-corps, il l’entoure toutefois d’inflexions langoureuses et sentimentales d’un goût assez contestable. L’orchestre n’est guère plus inspiré, roulant des mécaniques dans des tutti ronflants et massifs. Le soliste n’accorde pas de bis, mais le public de la capitale pourra mieux faire connaissance avec lui lorsqu’il reviendra pour un concert de musique de chambre avec des musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France début mars, avant de les diriger fin mai, notamment dans... la Symphonie «Ecossaise» de Mendelssohn. Quant à Colin Davis, il sera à la tête de l’Orchestre national les 5 et 7 mai dans un programme Beethoven, tandis que le LSO sera de retour fin mars pour trois concerts du cycle Mahler de Gergiev puis le 18 juin avec Haitink.
Le site de l’Orchestre symphonique de Londres
Le site de Nikolaj Znaider
Simon Corley
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