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XXe – XXIe Paris Théâtre des Bouffes du Nord 11/15/2010 - Gilbert Amy : Quatuor n° 3
Alban Berg : Lyrische Suite
Anton Webern : Bagatelle pour quatuor et voix (création française)
Alexander von Zemlinsky : Quatuor n° 2, opus 15
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Quatuor Diotima: Yun-Peng Zhao, Naaman Sluchin (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle)
Le Quatuor Diotima (© Thibault Stipal)
Première française (Webern), première parisienne (Amy) et deux chefs-d’œuvre du début du XXe siècle (Berg et Zemlinsky) ont permis au quatuor Diotima et à la contralto Marie-Nicole Lemieux de nous faire passer une soirée de musique de chambre d’une rare qualité. Le Deuxième Quatuor de Zemlinsky, avec la présence du XIXe finissant mais déjà un pied dans le XXe, merveilleusement interprété, est le bienvenu dans ce programme qui nous entraîne dans un voyage dans le temps à travers Webern, avec la création française de cette «septième» Bagatelle faite d’un triptyque constitué par un passage chanté entouré par la Première et la Sixième bagatelle (qui justifie la suppression du programme des Six Bagatelles), avec la voix pleine d’un vrai contralto, et Berg dans ce chef-d’œuvre absolu qu’est la Suite lyrique, où la voix ajoute cette chaleur féminine sous-tendant l’œuvre qui raconte, en musique, l’histoire d’un amour malheureux. Et puis, le XXIe siècle, le nôtre, avec ce Troisième Quatuor qu’Amy a écrit pour le concours de Bordeaux (voir ici), qui doit jouer un peu le rôle de ce que fut pour le XXe l’apparition de Bartók et de Webern. Tradition, bien sûr, mais aussi une modernité qui place la musique en même temps en avant et en arrière du présent.
Faut-il ajouter que, bien que destinée aux oreilles, la musique «change» avec le lieu et que ce lieu magique, les Bouffes du Nord, où est présentée jusqu’à la fin de l’année La Flûte enchantée dans une mise en scène dépouillée de Peter Brook, ajoute à l’émotion? En tout cas, depuis leur marathon bellifontain de l’été et à travers cette soirée, il est clair que les Diotima font partie des «grands» du quatuor à cordes.
P.S.: Webern (1883) étant plus âgé que Berg (1885), ne faudrait-il pas remplacer le «Schönberg, Berg et Webern» par «Schönberg, Webern et Berg»?
Le site du Quatuor Diotima
Benjamin Duvshani
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