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Bal électoral à l’américaine

Lausanne
Théâtre de Beaulieu
10/29/2010 -  et 31 octobre, 3* novembre 2010
Giuseppe Verdi: Un Ballo in Maschera

Adriana Damato (Amelia), Roberto Aronica (Riccardo), George Petean (Renato), Mariana Pentcheva (Ulrica), Elizabeth Bailey (Oscar), Francesco Palmieri (Samuel), Manrico Signorini (Tom), Sacha Michon (Silvano), Jean-Raphaël Lavandier (Giudice), Pier-Yves Têtu (Servo)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (direction), Musiciens de la Haute Ecole de Musique de Lausanne, Leonhard Gems (direction), Orchestre de Chambre de Lausanne, Stefano Ranzani (direction musicale)
Philippe Sireuil (mise en scène et lumières), Caio Gairsa (assistant à la mise en scène), Didier Payen (décors), Jorge Jara (costumes)


(© Marc Vanappelghem)


Coïncidence? Au moment même où s’achevaient les élections américaines de mi-mandat et que s’égrainaient les premiers résultats, l’Opéra de Lausanne a ouvert sa saison en plongeant les spectateurs en pleine campagne électorale dans les Etats-Unis des années 1960. Confiant, dans le programme, ses difficultés à appréhender Le Bal masqué de Verdi, le metteur en scène Philippe Sireuil explique avoir opté par une actualisation parce qu’il a été profondément marqué par l’assassinat de Bob Kennedy. Si elle n’apporte rien de fondamentalement nouveau à la compréhension de l’ouvrage, la transposition est néanmoins intéressante et fonctionne de bout en bout, tant elle est réalisée, si ce n’est avec inspiration, du moins avec sérieux, dans un souci évident du détail. Ainsi, Riccardo mène campagne pour se faire élire, entouré d’une armada de conseillers et de secrétaires. Comme tout homme politique qui se respecte, il s’est fait de nombreux ennemis, dont certains sont prêts à aller jusqu’au bout. Soucieux de montrer son attachement aux minorités ethniques, il consulte une voyante... noire. Au début du deuxième acte, Amelia arrive dans un parking souterrain lugubre, éclairé par les phares de sa limousine. Et lorsqu’elle supplie son époux de lui laisser voir son fils une dernière fois, un grand cadre noir délimite la scène, ce qui n’est pas sans rappeler le célèbre cinémascope tant les allusions au septième art sont évidentes. Le bal masqué final est prétexte à un dernier meeting dans une grande salle d’hôtel. Si certaines trouvailles peuvent prêter à sourire (par exemple lorsque Riccardo, sur le point de mourir, tapote sur un micro pour s’assurer qu’il fonctionne), l’ensemble n’en reste pas moins d’une grande cohérence.


La distribution vocale offre, elle aussi, de belles surprises, avec notamment le Renato convaincant de George Petean, dont le legato et la ligne de chant sont exemplaires, et le Riccardo enflammé de Roberto Aronica, au timbre de bronze et à l’aigu bien assuré, même si la voix sonne parfois un peu dur. Dommage seulement que les deux chanteurs fassent fi des nuances, comme s’ils étaient lancés dans un concours de décibels. On retiendra aussi la sensualité de l’Ulrica de Mariana Pentcheva et l’agilité d’Elizabeth Bailey en Oscar, malgré une projection limitée. L’Amelia d’Adriana Damato est, malheureusement, une cruelle déception, la chanteuse s’étant fourvoyée dans un rôle totalement inadapté à ses moyens. Dans la fosse, Stefano Ranzani mène son bal avec conviction, livrant une lecture vive mais manquant de finesse.



Claudio Poloni

 

 

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