About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Retrouvailles

Paris
Salle Pleyel
09/29/2010 -  et 30* septembre 2010
Jörg Widmann : Con brio
Antonín Dvorák : Concerto pour piano, opus 33, B. 63
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 «Héroïque», opus 55

Martin Helmchen (piano)
Orchestre de Paris, Christoph von Dohnányi (direction)


M. Helmchen (© Marco Borggreve)


«Conseiller musical et premier chef invité» de l’Orchestre de Paris entre 1998 et 2000, Christoph von Dohnányi avait ainsi assuré avec Frans Brüggen la délicate transition entre les mandats de Semyon Bychkov et Christoph Eschenbach. Désormais «chef honoraire à vie» du Philharmonia (Londres) et chef principal de l’Orchestre de la NDR (Hambourg), il n’était pas apparu depuis septembre 2003 à la tête de la formation parisienne – c’était au temps de son purgatoire à Mogador (voir ici). Et les retrouvailles avec des musiciens qu’il connaît pour certains depuis plus de trente ans et qui l’apprécient toujours manifestement autant ont été à la hauteur des espérances.


En première française, Con brio (2008) de Jörg Widmann (né en 1973), sous-titré «ouverture de concert», revendique de la sorte son statut d’exergue à un traditionnel programme se poursuivant sans surprise avec un concerto et une symphonie. Mais ce n’est évidemment pas sans une mise en perspective postmoderne que le compositeur allemand fait obédience à une forme classique et rend en même temps hommage à Beethoven. La partition a en effet été créée à l’occasion d’un concert où elle était suivie de ses Septième et Huitième Symphonies: destinée à un effectif parfaitement identique, de caractère le plus souvent agité, voire violent, elle sonne délibérément, presque tout au long de ses onze minutes, comme la réminiscence de la saveur rythmique beethovénienne, mettant particulièrement en valeur les timbales. Encore un exercice typiquement germanique de distanciation intellectualiste? Tant s’en faut, car cette page, avec ses télescopages de fanfares, d’accords plus ou moins parfaits et de bruitages à la Lachenmann, se révèle brillante, spectaculaire et stimulante.


Bien que déjà venu à plusieurs reprises à Paris, comme au National en octobre dernier, Martin Helmchen (né en 1982), grand prix du concours Clara Haskil en 2001, reste encore relativement peu connu du public français. Le pianiste allemand a choisi le Concerto pour piano (1876) de Dvorák, qu’il a récemment enregistré pour PentaTone, mais qui demeure suffisamment rare pour faire ici sa première apparition à l’Orchestre de Paris en plus de quarante saisons. Il en est pourtant de plus longs et de plus difficiles qui ont davantage la faveur du public, ne serait-ce que les deux Concertos de Brahms; mais celui de Dvorák, bien que remis au goût du jour (et rétabli dans sa version originales) par Richter, demeure dans l’ombre. Sans s’imposer autoritairement face à l’orchestre, mais en recherchant la fusion plus encore que le dialogue, Helmchen plaide de façon très convaincante en faveur de cette œuvre attachante jusque dans ses faiblesses et son aboutissement moindre que celui du Concerto pour violon et, surtout, du Second Concerto pour violoncelle. Ses arguments? Un clavier modérément chaleureux, mais une technique impeccable, un toucher délicat et une sensibilité qui fait merveille dans le climat nocturne de l’Andante sostenuto. On retrouve en bis – le Troisième des Moments musicaux (1824) de Schubert – ce jeu subtil et précis, quoiqu’entaché de quelques ralentis agaçants.


Annoncé dans la brochure 2010-2011, le Concerto pour orchestre de Bartók laisse place, en seconde partie, à la Troisième symphonie (1804) de Beethoven, qui sera donnée pas moins d’une dizaine de fois cette saison dans la capitale; en outre, quitte à programmer une symphonie de Beethoven, il aurait été plus judicieux de choisir l’une des deux auxquelles Widmann se réfère dans sa pièce, même si cette Héroïque débute par un Allegro forcément... con brio. Mais ces regrets s’estompent aisément devant l’occasion ainsi offerte d’entendre dans ce répertoire un chef désormais octogénaire et un orchestre héritier de la Société des concerts du Conservatoire qui fit découvrir aux Parisiens dès les années 1830 les Symphonies de Beethoven, tous deux dépositaires d’une solide tradition.


Tradition, certes, mais pas routine: l’interprétation revendique une certaine ampleur et l’effectif est assez fourni – soixante cordes (toujours disposées à la «viennoise») mais bois non doublés – sans que cette opulence et cette puissance potentielles soient jamais dévoyées. Bien au contraire, les attaques sont franches, les textures transparentes et raffinées, mettant en valeur les détails d’écriture et la clarté des lignes. Ici, aucune note n’a bien sûr de secret pour Dohnányi: la maîtrise du propos éclate à chaque mesure et témoigne d’un équilibre, plus dynamique que compassé, entre fadeur et excès, entre solennité et pathos, quant-à-soi et tape-à-l’œil, autorisant d’impressionnants contrastes entre une imposante «Marche funèbre» et un Scherzo à la fois léger énergique.


Le site de Jörg Widmann
Le site de Martin Helmchen



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com