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Atmosphère, atmosphère...

Paris
Salle Pleyel
09/17/2010 -  
Robert Schumann : Manfred, opus 115: Ouverture, Entracte, Ranz des vaches et Apparition de la fée des Alpes
Marc Monnet : Concerto pour violoncelle «Sans mouvement, sans monde» («L’Adieu au monde», à Robert Schumann) (création)
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Marc Coppey (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction)


E. Inbal (© Zdenĕk Chrapek)


En dépit de la beauté du programme, c’est dans une salle Pleyel relativement clairsemée que l’Orchestre philharmonique de Radio France fait son entrée pour son deuxième concert de la saison. Mettons peut-être cette désaffection sur le compte de la réticence du public parisien à venir écouter une création mondiale (le Concerto pour violoncelle de Marc Monnet) et sur le caractère toujours aussi impressionnant d’une œuvre comme la Symphonie alpestre de Richard Strauss...


Peut-on également supposer que le public montre ainsi sa lassitude à voir programmées à longueur de temps des œuvres de Robert Schumann (1810-1856), le Philhar’ ayant donné le triptyque Ouverture, Scherzo et Finale la semaine précédente, l’Orchestre national de France ayant lui-même débuté sa saison sous les auspices du compositeur allemand (voir ici)? Ainsi, ce soir, le concert débutait par des extraits du drame Manfred (1852) dont l’intitulé exact, «poème dramatique pour orchestre, solistes, chœurs et narrateurs», n’était pas pleinement rendu, Eliahu Inbal n’ayant en effet choisi de présenter que des extraits symphoniques alors que l’intégralité de l’œuvre mériterait d’être jouée. Si l’atmosphère de l’Ouverture, très proche de Mendelssohn, donne à entendre de splendides cordes, pleines et puissantes, les autres brefs passages sont joués de manière assez prosaïque, à l’exception du merveilleux solo de cor anglais de Stéphane Suchanek dans le «Ranz des vaches».


Commande à la fois de Marc Coppey et de l’Orchestre philharmonique de Radio France, le Concerto pour violoncelle «Sans mouvement, sans monde» se veut un hommage à Schumann, comme le laisse clairement entendre son sous-titre «L’Adieu au monde», à Robert Schumann. Cette révérence se traduit notamment dans le dernier mouvement, «Himmel und Erde», hommage direct rendu aussi bien à Robert qu’à Clara Schumann; pour le reste, les explications données par le compositeur dans la notice du programme s’avèrent floues et, en vérité, peu convaincantes... Divisé en dix mouvements, ce concerto s’apparente davantage, en vérité, à un poème symphonique avec violoncelle solo obligé, Marc Coppey n’intervenant que de manière brève au début et dans quelques passages de l’œuvre, et se voyant par ailleurs offrir une seule cadence au milieu de la pièce. Au total, que retenir de cette composition qui nécessite un instrumentarium étoffé comme rarement (les percussions intervenant notamment en force avec le tam-tam, la caisse claire, le gong, la scie musicale...)? Plus qu’une œuvre véritablement construite du début à la fin, on a davantage l’impression d’un exercice démonstratif sur le thème «voyez ce que l’on peut faire aujourd’hui avec un grand orchestre». Les lignes de force n’apparaissent presque jamais et les séquences se succèdent avec un ennui confondant. Si la première s’avère très réussie, le climat instauré par le pupitre de contrebasses étant malheureusement rapidement gâché par des innovations (crissements des violons ou pianotement des doigts des instrumentistes sur la table de leurs violons) dont on ne perçoit pas l’intérêt ou la signification, le reste est à l’avenant. Contrastes entre cordes et bois dans la deuxième séquence (offrant un véritable morceau de bravoure au xylophone), glissandi sans charme des violoncelles et des clarinettes dans la cinquième séquence, mélodie sans grande imagination du violoncelle solo dans sa cadence: certes, les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France sont parfaitement à la hauteur des chausse-trappes de la partition mais le résultat est vain. On doute de la postérité de cette œuvre qui ne fut saluée que par des applaudissements polis, davantage à l’adresse des interprètes que du compositeur, également invité à venir saluer sur scène.




Enfin, la seconde partie du concert arriva, consacrée tout entière à la monumentale Alpensinfonie de Richard Strauss (1864-1949), dont les prémices remontent à 1900 et dont la composition s’est étalée sur les années 1911 à 1915. Œuvre initiatique au même titre que Also sprach Zarathustra, elle illustre les impressions que peut procurer une longue promenade en montagne, débutant par un lever de soleil, s’achevant fort logiquement par un coucher de soleil, émaillée par un épisode orageux, l’apparition du sommet des massifs... Nécessitant un orchestre étoffé et solide autant qu’un chef sachant maîtriser une pâte sonore d’une richesse extrême, c’est une œuvre exigeante qui, ce soir, fut interprétée avec succès. Certes, on aurait préféré des contrebasses plus mystérieuses au début de l’œuvre, un meilleur crescendo pour conduire au «Lever de soleil» ou une plus grande tension dans la conduite de certains passages («Au sommet»); certes, on aurait davantage apprécié un alanguissement des cordes moins sirupeux à la fin de l’«Entrée dans la forêt» ou une moindre saturation des trompettes dans certains passages (dans la «Vision» notamment). Mais, globalement, Inbal fit merveille, conduisant avec une indéniable maîtrise un orchestre où brillent l’ensemble des pupitres et des solistes, mention spéciale devant être faite à l’adresse du jeune corniste solo Antoine Dreyfuss, admirable de bout en bout. Preuve qu’un orchestre pléthorique peut véritablement donner le meilleur de lui-même si les œuvres qui lui sont dédiées ont une réelle signification!


Le site de Marc Coppey
Le site de l’Orchestre philharmonique de Radio France



Sébastien Gauthier

 

 

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