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Le plaisir de Bach

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/19/2010 -  
Johann Sebastian Bach : Fantaisie chromatique et Fugue, BWV 903 – Suite française n° 5, BWV 816 – Toccata, BWV 911 – Concerto italien, BWV 971
Evgueni Koroliov (piano)


E. Koroliov (© Barbara Frommann)


Au lendemain de Boris Berezovsky à Pleyel (voir ici), voici Evgueni Koroliov aux «Concerts du dimanche matin» de Jeanine Roze (de retour au Théâtre des Champs-Elysées après dix ans passés au Châtelet): le programme est certes très différent, mais cette succession rapprochée de deux ses plus remarquables représentants remet fortement en question le mythe d’une «école russe». Quoi de commun en effet entre les deux artistes si ce n’est une rigueur technique qui les met à l’abri de toute mauvaise surprise?


Le nom de Koroliov, qui fêtera pourtant ses 61 ans le 1er octobre prochain, ne bénéficie pas en France de la notoriété qu’il mérite mais sa seule apparition parisienne de la saison aurait d’autant plus dû faire salle comble que ses visites demeurent rares: novembre 2009 avec le Quatuor Prazák, déjà aux «Concerts du dimanche matin» (voir ici), avril 2007 en récital aux Champs-Elysées (voir ici) et il faut ensuite remonter à février 2002. Il avait alors donné L’Art de la fugue, ce qui n’a pas lieu de surprendre chez ce pianiste dévoué – non exclusivement – à la cause de Bach. Et rien de tel pour un dimanche matin qu’une heure passée avec la musique du Cantor de Leipzig.


Pas de round d’observation: le diptyque Fantaisie chromatique et Fugue est d’emblée saisi d’une main ferme et, au-delà de l’agilité impeccable des traits dans la Fantaisie, c’est avec plaisir qu’on retrouve ce Bach naturel, rigoureux mais pas austère (à l’image d’une Fugue plus dansante que sévère), pas sectaire pour deux sous, faisant son affaire du détaché du clavecin comme de la plénitude de l’orgue. Le plaisir qu’il prend – visiblement, mais sans ostentation – à interpréter Bach, il le fait partager à l’auditeur sans démagogie. Ainsi d’une Cinquième Suite française d’une formidable diversité de ton: Allemande gracieuse, Courante articulée de façon à la fois nette et souple, Sarabande d’une immatérielle simplicité, Gavotte non dénuée d’humour, Bourrée d’une admirable précision, Loure lumineuse et Gigue affirmative. Le caractère change à nouveau dans la Toccata en ut mineur, fascinante création d’un univers par une puissance unificatrice et conceptuelle d’une rare acuité. Le Concerto italien conclut de manière aussi parfaite, depuis un premier mouvement radieux jusqu’à un Presto final jubilatoire et virtuose, à la limite de la précipitation, en passant par un Andante intense et hypnotisant.


Le public est heureux, Koroliov aussi, qui offre en bis de brefs extraits des Variations Goldberg puis le «Contrapunctus 9» de L’Art de la fugue, tout aussi étincelants.



Simon Corley

 

 

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