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Une excellence confidentielle

Paris
Salle Pleyel
01/09/1998 -  
Arthur Honegger : Pastorale d'été, Symphonie n°3 "Liturgique"
Benjamin Britten : Les illuminations
Boris Blacher : Variations pour orchestre sur un thème de Paganini

Ruth Ziesak (soprano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Marek Janowski (direction)

La Troisième Symphonie dite "Liturgique" d'Arthur Honegger se termine par un court adagio d'où s'élève un chant plaintif et poignant du violoncelle, ensuite prolongé par le violon et la flûte, instruments ici tenus par Nadine Pierre, Guy Comentale et Geneviève Amar. Trois noms, trois solistes, trois artistes venant couronner par leur talent l'excellente prestation de leur orchestre qui s'était auparavant distingué par sa souveraine maîtrise technique dans la complexe polyphonie du premier mouvement, par sa profondeur et sa poésie dans l'adagio et par son énergie et sa conviction dans le finale avant de s'effacer pour laisser chanter ses solistes. Un tel niveau musical et une direction cohérente et passionnée font de l'Orchestre philharmonique de Radio France et de son chef principal Marek Janowski la meilleure formation parisienne et parmi les meilleures en Europe. Le programme de ce concert se prête, il est vrai, particulièrement aux goûts et aux qualités de Janowski et de son orchestre puisque outre l'imposante symphonie d'Honegger figuraient des oeuvres de Benjamin Britten et de Boris Blacher. Certes, les Illuminations auraient gagné en évidence par une prononciation plus claire des poèmes d'Arthur Rimbaud que Britten a voulu conserver dans leur langue originale, mais l'accompagnement n'appelait, lui, aucune critique tandis que l'écriture virtuose de Boris Blacher mettait en évidence la discipline et la vigueur de tous les pupitres de l'orchestre. Un programme recherché donc, mais pas tape-à-l'oeil, un grand chef mais pas médiatique pour un sou, un orchestre "local", résultat… pas de public ! Pleyel quasiment vide ! Mais, quand même, une retransmission en direct sur France Musique et sur les radios de Berlin, Francfort, Leipzig et Sarrebrück avec peut-être pas beaucoup de monde à chaque fois mais des mélomanes qui auront partagé un grand moment.



Philippe Herlin

 

 

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