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En demi-teinte

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/08/1998 -  
Johannes Brahms : Concerto pour piano n°1
Richard Strauss : Mort et Transfiguration
Richard Wagner : Parsifal, Prélude et Enchantement du Vendredi Saint

Evgeny Kissin (piano)
Orchestre national de France, Claus-Peter Flor (direction)

Un concert en demi-teinte mais sans demi-teintes tant les qualités des interprètes étaient prononcées mais limitées, par trop univoques. Evgeny Kissin d'abord, avec un jeu dont l'intensité dramatique se fait uniquement par la force de percussion ; on cherche en vain d'autres modalités d'expression comme le tempo, le timbre, la polyphonie pourtant nécessaires chez Brahms. Complètement à côté dans le premier mouvement (pas de délié, pas de phrasé, un paquet de fausses notes !), le pianiste est vraiment entré dans le concert au moment de l'adagio avec son jeu très dur mais exprimé dans une conception d'ensemble du mouvement très cohérente, une tension captivante s'installa de la première à la dernière note même si les subtilités d'écriture passèrent à la trappe. Le final, très enlevé, termina le concerto mieux qu'il avait commencé… Plus détendu dans les bis (Valses op. 39, N°1 et N°15), Kissin montra qu'il peut, en se forçant un peu, être délicat.

Claus-Peter Flor a aussi d'incontestables qualités : la mise en place, le sens de l'articulation, la clarté de la construction ; cependant le son est compact, un peu terne, sans aucun coloris. Ce défaut fut relativement peu gênant dans Brahms et Strauss mais devint rédhibitoire pour rendre justice du subtil tissu orchestral de l'ultime opéra de Wagner. Seul le National donna entièrement satisfaction, avec notamment des cordes précises et énergiques.



Philippe Herlin

 

 

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