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Appliqué plutôt qu’inspiré

Lucerne
Kultur- und Kongresscentrum Luzern
09/05/2010 -  
Pierre Boulez: Figures-Doubles-Prismes
Gustav Mahler: Symphonie n° 6

Lucerne Festival Academy Orchestra, Pierre Boulez (direction)


(Il me faut tout d’abord présenter mes excuses aux musiciens et aux lecteurs mais une partie de la route qui longe le Lac Léman était bloquée suite à des éboulements, occasionnant un long détour de plusieurs heures. N’étant parvenu à rejoindre le KKL qu’une minute à peine avant le début de la Symphonie, je regrette donc de ne pouvoir rendre compte de l’exécution de Figures-Doubles-Prismes de Pierre Boulez qui figurait en première partie de ce concert. Ainsi qu’une des charmantes ouvreuses du KKL a remarqué, la Suisse est un pays bien plus grand qu’on ne le pense.)


Les programmes des orchestres de jeunes musiciens sont devenus de plus en plus ambitieux. Il fut un temps où Karajan n’avait programmé « que » le Concerto pour violon de Beethoven et la Symphonie «Jupiter» de Mozart avec l’Orchestre des jeunes de la Communauté européenne, précurseur du Chamber Orchestra of Europe. Fallait-il ainsi confier au jeune Lucerne Festival Academy une œuvre aussi complexe que la Sixième Symphonie de Gustav Mahler ?


Confrontés à un tel monument, les bois font ressortir une certaine homogénéité, les cuivres et en particulier les cors s’en sortent avec les honneurs mais le pupitre des trompettes dont les parties sont si difficiles connaissent quelques faiblesses et les cordes manquent quelque peu de couleurs. Les musiciens, peut-être sous le coup de la tâche qu’ils ont à remplir, manquent d’individualité et d’engagement. Le hautbois solo dont la partie est si fondamentale dans l’Andante moderato a toutes les notes demandées par la partition mais fait preuve d’une retenue et d’une timidité exagérée. Enfin, ne faut-il pas tout simplement plus d’âge, de maturité ou de gravité pour rendre justice à une telle œuvre ?


C’est d’autant plus dommage que Pierre Boulez, comme il l’a souvent fait dans ses lectures mahlériennes), apporte un éclairage d’une rigueur décapante. Contrairement à de très nombreux chefs, de Mengelberg à Rattle, il ne rajoute rien à une partition aussi précise. Il n’y a ainsi pas de troisième coup de marteau dans le Finale. Le scherzo est bien joué avant le mouvement lent et Boulez ne ralentit pas la fin de mouvement dont la seule indication de tempo marquée par le compositeur, faut-il le rappeler, n’est qu’un simple « nicht eilen » (ne pas se presser) dans les dernières pages. Il faut également admirer la science des timbres et des équilibres qui permet au chef de faire passer les thèmes d’un pupitre à l’autre, anticipant ainsi le Schoenberg des Pièces op 16.


Les musiciens font honneur au monumental Finale qui a dû faire l’objet de plus d’attention aux répétitions mais si on admire l’ambition et le travail, il manque quand même à cette exécution, une dimension émotionnelle à ce chef d’œuvre où le compositeur, tout en restant dans le cadre formel d’une symphonie classique, nous parle de façon aussi directe et aussi personnelle.



Antoine Leboyer

 

 

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