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La lumière de Maria

La Roque
Parc du château de Florans
08/05/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon et alto, K. 320d [364] – Symphonie n° 29, K. 186a [201] – Concerto pour piano n° 9, K. 271 «Jeunehomme»

Antoine Tamestit (alto), Maria João Pires (piano)
Orchestre royal de chambre de Wallonie, Augustin Dumay (violon et direction)


M. J. Pires, A. Dumay (© Xavier Antoinet)


Décidément, le Festival de La Roque d’Anthéron n’a pas de chance avec ses orchestres invités: après le souvent désolant Philharmonique de l’Oural, c’est l’Orchestre royal de chambre de Wallonie, dirigé par chef attitré, Augustin Dumay, qui déçoit d’emblée dans la Symphonie concertante K. 364 de Mozart, alors qu’il avait fait bien meilleure impression lors de précédents concerts parisiens. L’effectif d’environ vingt-cinq musiciens sonne bien maigre, trop juste pour rendre compte de la majesté amère de cette œuvre. Et surtout les cordes présentent trop de menus défauts qui ruinent l’agrément de l’écoute. Entre l’orchestre, le violon et l’alto solo, la précision d’intonation paraît souvent très problématique, ce qui fait grincer des dents. D’autant qu’Augustin Dumay violoniste ne semble pas non plus dans un grand jour: quelques belles phrases alternent avec d’autres trop inégales, à la sonorité peu maîtrisée. On est loin de sa prestation de haut vol dans le Concerto pour violon de Beethoven il y a juste quelques mois au Grand Théâtre d’Aix-en-Provence! Reste l’alto d’Antoine Tamestit, au beau timbre voilé, beaucoup plus homogène de phrasé et de sonorité, mais l’on n’a que rarement l’impression que les différents protagonistes soient véritablement ensemble!


Cet orchestre ne doit pas apprécier le rôle d’accompagnateur, car les choses s’améliorent le temps de la Vingt-neuvième Symphonie de Mozart, où, sans atteindre à la perfection, il sonne de manière beaucoup plus exacte, précise, et même plaisante. Le délicieux thème initial, d’une irrésistible montée de désir, fait immédiatement fleurir un sourire sur les lèvres. Dans l’Andante, les cordes nous paraissent agréablement moelleuses et chantantes, l’équilibre entre les pupitres excellent, le climat élégant et charmeur. Le final vindicatif met en valeur deux cors excellents.


Hélas, pour le Neuvième Concerto, l’orchestre retrouve ses approximations. Mais Maria João Pires déploie un chant magnifique qui nous console de tout! Avec une clarté d’énonciation impressionnante, qui doit la rendre audible jusqu’aux confins du parc, elle donne du poids à chaque note, de la vie à chaque phrase. Malgré la subtilité de ses nuances, ses phrasés respirent la simplicité, l’humilité, l’amour et la perfection. Elle semble tellement chez elle dans la musique de Mozart! Quelques notes lui suffisent pour suggérer des univers de sentiments, pour toucher le cœur au plus profond! L’orchestre s’améliore heureusement pour le déchirant Andantino, que Pires pare d’une mélancolie paradoxalement lumineuse, empreinte d’aspiration à une vive meilleure. Avec ses phrasés caressants, le Menuetto du Rondo final devient une merveille de grâce, de poésie et de tendresse. Son bis, le long Nocturne opus 9 n° 3 de Chopin, prolonge l’émotion, avec un charme d’une élégance folle, qui se charge d’une mélancolie d’abord discrète, puis de plus en plus poignante.



Philippe van den Bosch

 

 

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