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Sous le signe de Liszt

Paris
Jardin des serres d’Auteuil (Pavillon des azalées)
09/04/2010 -  
Frédéric Chopin : Scherzos n° 1, opus 20, et n° 2, opus 31
Philippe Leroux : AMA (création française)
Serge Rachmaninov : Sonate pour piano n° 2, opus 36

Guillaume Vincent (piano)




Alors que la onzième édition des Solistes aux Serres d’Auteuil n’est pas encore terminée, le constat s’impose de façon évidente: depuis 2000, le festival a su s’installer dans le paysage musical de la capitale grâce à une formule désormais bien établie, à savoir un déroulement en deux temps, du 18 au 27 juin puis du 27 août au 12 septembre, et trois concerts par semaine (du vendredi au dimanche à 19 heures, d’une durée d’une heure et à tarif démocratique). Le mélomane parisien n’a certes pas grand-chose à se mettre entre les oreilles à cette période de l’année, particulièrement dans les quelques jours qui précèdent la reprise de la saison, mais ce n’est pas un pis-aller que de passer (un peu) de l’autre côté du périphérique, tant s’en faut. La programmation d’Anne-Marie Réby, faisant alterner vedettes (Bianconi, Braley, Cassard, Collard, Le Guay) et artistes à découvrir, suffit en effet à justifier le déplacement au Pavillon des azalées, édifié à la fin du XIXe siècle par Jean-Camille Formigé (1845-1926), alors architecte en chef du service des édifices et promenades et jardins de la ville de Paris.


Toujours attentif à mettre en valeur les jeunes talents, le festival propose plusieurs «concerts tremplins», catégorie un peu hybride dans laquelle figurent à la fois des noms déjà familiers (Guillaume Coppola, Wilhem Latchoumia, Varduhi Yeritsyan) et d’autres qui ne le sont pas encore: c’est le cas d’Alessandro Deljavan, qui viendra honorer le traditionnel partenariat avec la Société des arts de Genève, mais aussi de Guillaume Vincent (né en 1991), troisième grand prix au concours Long-Thibaud en 2009. Le public n’a cependant que faire de la notoriété des musiciens, et c’est tant mieux ainsi: l’affluence est telle que les derniers arrivés sont inscrits sur liste d’attente – provisoirement, car avec le renfort de chaises supplémentaires, chacun trouve finalement sa place. Cette affluence vient à point nommé: voilà en effet d’autant plus de signataires potentiels d’une pétition s’opposant à un projet d’extension des courts de Roland-Garros qui viendrait empiéter sur les Serres d’Auteuil.


Guillaume Vincent confère aux deux premiers Scherzos (1831/1832 et 1837) de Chopin une dimension déjà lisztienne: urgence, sens de la mise en scène et ampleur du geste se conjuguent à la technique, au panache et à la puissance, parfois au détriment de l’articulation, tandis que les passages lyriques, entre réserve et intimisme, se teintent furtivement d’une légère affectation.


AMA de Philippe Leroux (né en 1959) était l’œuvre imposée en demi-finale du concours Long-Thibaud l’an dernier. Guillaume Vincent la connaît donc bien, d’autant qu’il a alors obtenu le prix pour la meilleure interprétation de cette partition, mais elle a considérablement évolué depuis lors: de cinq minutes, sa durée a été portée à un peu plus de vingt (bien au-delà des douze annoncées dans le programme). Il donne donc ici la création française de cette nouvelle version. Peu disert sur les trois majuscules d’un titre une fois de plus énigmatique, le compositeur révèle toutefois que la pièce «recèle encore la part d’enfance de son auteur». Toujours est-il que le jeune pianiste y prend visiblement plaisir, et le fait partager aux auditeurs: plaisir de la résonnance de riches harmonies en arpèges ou accords (répétés), plaisir de prendre son temps dans cette vaste page d’apparence rhapsodique, éminemment pianistique (lisztienne, de nouveau), à la fois spectaculaire et ludique, comme ces crépitements dans le registre suraigu et ces processus simples se complexifiant, de décalages en détraquements, jusqu’à leur paroxysme.


Par sa thématique faustienne, la Première sonate de Rachmaninov s’inscrit dans l’héritage lisztien, que la Seconde (1913/1931) évoque également sous les doigts de Guillaume Vincent: il relève sans peine le défi virtuose et les grandes vagues sonores déferlent avec générosité sur le Yamaha qui en paraît presque trop étroit, mais en conservant la retenue expressive sans laquelle cette musique peut déraper à tout moment. En bis, c’est Liszt, bien sûr, avec une Sixième Rhapsodie hongroise (1853) pleine de brio, mais qui n’oublie ni l’humour ni l’élégance.


Le site des Solistes aux Serres d’Auteuil



Simon Corley

 

 

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